Un visage

Impossible de dormir. Elle avait tout essayé ; la langue contre le palais, trois inspirations profondes, six expirations lentes… Mais rien n’y fit.

Ses pensées s’arrimaient sans cesse sur ce visage rencontré cette nuit même sur le quai de la gare. Ce visage qui se mouvait selon le rythme de sa respiration, telle une vague de bienséance, ce va et vient permanent ; ce visage rencontré dans le bruit assourdissant d’un wagon de marchandise passant à toute vitesse, tel le rugissement de la mort.

Une rencontre fortuite, une bousculade, un dérapage sur un caillou bienvenu, une chute vertigineuse dans les bras de cet Appolon. Trois inspirations profondes, six expirations lentes et le visage se fit lointain et finit par s’effacer. Elle s’endormit enfin, libérée pour un moment de ce beau tourment.

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