Je regarde les images que j’ai de toi, les photos, les films. J’y retrouve la douceur de vivre au soleil, une vie à lire et à écrire. J’y retrouve les voyages que tu aimais entreprendre ; les mots que tu as laissés sont comme des traces. Je te retrouve, toi que j’ai perdue de vue il y a si longtemps.
Il a fallu cette monumentale campagne de tri pour que j’ouvre les boîtes une à une. Que j’en extirpe document après document.
Qu’es-tu devenue toi qui sillonnais la planète ? Voyager seule permet de se préparer, disais-tu en substance. Se préparer à quoi ? Tu n’aurais su le dire, alors le plus souvent tes départs restaient pour les autres des énigmes.
Ces voyages-là, ces expériences de la solitude extrême appartiennent au passé. Je me souviens de tes départs, le cœur serré au point de ne même pas pouvoir pleurer. Tu bouclais ton sac à dos, tu filais vers un bus qui t’emporterait à l’aéroport, puis dans les airs. Tu étais partie. Tu laissais chez toi ton téléphone alors relié à un fil et à une prise, tu laissais tes proches et tu t’élançais.
Il y aurait ce que te donnerait le hasard. Ton voyage était l’épreuve de la confiance. Confiance dans la vie, confiance en toi. En sommes, tu partais avec toi-même comme on part avec un compagnon ou avec une compagne. Tu cherchais à faire connaissance avec toi, à découvrir qui tu étais. Avec le recul, je peux parler de voyage initiatique, Tu t’initiais à être toi. Toi sans référence, toi sans repères, toi et l’immensité du monde.
Je sors dans la rue et je reprends pied. Il y a du vent et le froid d’automne est arrivé. J’avance dans la ville sans but précis. Je regarde les gens et les façades, les lumières et les couleurs. La grisaille, aussi. J’écoute la vie tout autour de moi. J’entends mon cœur qui bât. Je suis là.
C’est (très) beau. C’est (très) émouvant. Cela donne (très) envie de connaître la suite !
Merci Emmanuelle pour ton retour sur ce texte. Te lire m’a fait le relire et je remarque encore une fois qu’on ne perçoit pas son texte de la même manière à froid qu’à chaud.
Je suis contente qu’il te touche.