Je relis les phrases. Une à une. Chacune résonne. S’accroche puis s’envole. Rien ne se dessine dans les méandres de mon cerveau. Pourtant j ‘aime leurs formes et leurs sonorités. Chacune évoque une image, un son, une sensation. Je sens le vent sur mon visage. Les yeux fermés, tournée vers le ciel. Lui dire tous mes secrets. lui avouer toutes mes envies. Lui raconter tous les moments importants. Puis je sens le feu dans mes jambes et le sable dans mes poumons. Le paysage défile mais rien n’accroche mon regard. Concentrée sur le spas successifs et le crissement sous les chaussures. Aller aussi vite que possible pour faire disparaitre le monde autour. Puis je sens l’eau sur ma peau. Elle glisse à chaque mouvement de mes bras ou de mes jambes. Je vois ton visage plus net qu’à l’extérieur. Ton sourire. Le halo de tes cheveux. Les tâches de couleur de ton maillot. Puis passer du goût chloré au goût de tes lèvres. Fermer les yeux et ne sentir plus que cela. Nos deux corps flottant l’un à côté de l’autre uniquement connectés par nos lèvres. Puis je sens toujours l’eau sur ma peau. Elle bouge en harmonie avec la nage. Entre le silence sourd de l’eau et celui calme de la forêt. J’entends uniquement le clapotis de l’eau et le bruit des feuilles. Le temps est comme suspendu. Plus rien n’existe en dehors des limites de la piscine. Puis je sens ta main dans la mienne. Le bruit de nos pas comblent le silence. Parce qu’aucun mot n’est nécessaire à cet instant. Libérer du quotidien. Echapper à la routine. S’émanciper des schémas. Il n’y a que nous deux dans cet espace faisant un pas après l’autre. Juste profiter d’être ensemble tout simplement. Puis je sens le mur sous mes doigts. Je suis le grain jusqu’à la prochaine pièce. Mes yeux ne sont pas utiles alors je tends mes oreilles. Un bruit, un rire peut-être. Mes doigts rencontrent le vide. Un pas. Mes jambes rencontrent le lit. Je me penche. Mes mains rencontrent une forme solide. Je ferme les yeux. Inutile et pourtant. J’entend un souffle. Trouver. Je lance mon attaque. Entre rire et jambes emmêlées tout à coup. L’espace se remplit de nous et sans voir nos mains se rejoignent. Puis je sens la curiosité m’emporter. Je sais que je ne devrais pas mais je ne peux m’empêcher d’y revenir. Aller juste quelques lignes. Mamain soulève légèrement une page mais ma tête part de l’autre côté. Non j’ai promis d’attendre. Je suis impatiente mais je ne veux pas gâcher l’expérience. La page retombe.
Dire le nez au vent. Marcher intensément. Aimer sous l’eau. Nager en silence. Marcher ensemble. Jouer dans le noir. Ne rien lire.