Dehors. Un homme. Un chien

La pluie dégringole sur les trottoirs vides.

Personne n’a envie de déambuler ni danser sous la flotte. C’est réservé aux cinéphiles.

Depuis son 8e étage, il regarde le rideau d’eau qui descend du ciel. Ce matin, il a détourné le regard. Il se sent impuissant face à un homme que le froid ou l’humidité dévorent. Il se sent démasqué, décadent, démesurément égoïste. Oh, il lui donne bien quelques pièces quand il passe devant lui. L’homme serre contre lui un cocker ; il lui tient chaud au cœur et au corps.

Le passant ne sait pas où l’homme et son chien dorment. Ils ne sont pas en permanence au pied de l’arbre, face à la boulangerie.

Le passant espère qu’ils parviennent à trouver, dans le dédale des offres d’hébergement temporaire, un foyer avec un lit où dormir, un radiateur contre lequel se lover.

Le passant hésite à pendre le temps d’interroger l’homme au chien. Il n’ose pas lui dire qu’il le trouve davantage bouffi, et le regard devenu plus triste.

Il n’ose pas lui dire qu’il se demande comment comment il tient depuis plusieurs années, à attendre qu’une main plonge dans une poche, ou un porte-monnaie, et lui donne de quoi survivre.

Le passant ne sait rien du couple fusionnel entre un homme et un animal.

Mais il le touche, parce qu’il a peur de se retrouver un jour à la rue, lui aussi, selon le déroulé incertain de son existence.

Ce contenu a été publié dans Atelier Papillon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire