Le garcou

C’est un joli petit garcou. Téméraire, un peu turbulent. Il aime courir la campagne, être dehors, suivre des animaux, les observer pendant des heures, allongé dans l’herbe. Il se souvient de cet animal étrange qu’il a vu l’autre jour, mi-escargot, mi-coccinelle. Il en a parlé à sa mère, mais elle ne l’a pas cru. Elle lui tout le temps qu’il a trop d’imagination, que c’est un rêveur et qu’il faut qu’il arrête d’inventer des choses, parce qu’à force, personne ne le croit. Mais lui, il sait qu’il a vu cette coccicargo. Il n’a pas rêvé. Elle était dans l’herbe, au fond du jardin. Elle mangeait des feuilles en déployant ses petites ailes rouges et noires. Ses parents ne le comprennent pas, son maître ne le comprend pas. Ça le rend triste. Heureusement, avec sa grand-mère, il peut parler comme il veut. Elle, elle le comprend. Bon, c’est vrai qu’elle perd un peu la tête. Elle lui dit qu’il est très genteau avec elle. Il l’aide souvent à se réchausser, c’est son expression. Elle lui donne une partion de goûter quand il va la voir et elle le nomme mon petit lecteureux, car il adore qu’elle lui lise des histoires. Ils rient beaucoup tous les deux de ce vocabulaire imagé. Il n’aime pas aller à l’école. Il a du mal avec les consignes. Lui, ce qu’il aime, c’est regarder par la fenêtre. Etudier la forme des nuages, reconnaître les oiseaux en écoutant leur chant. Mais ça, ce n’est pas au programme de CE1. Ça l’éloigne des autres, ils se moquent de lui. Il n’y a que Marie qui l’écoute et lui parle. Elle est gentille Marie. Il l’aime beaucoup. Elle le regarde autrement. Avec elle, il ne se sent pas bête comme avec les autres. Elle l’aide quand il ne sait pas répondre. Elle le défend quand il est la risée de tout le monde. Heureusement qu’elle est là, sinon il ne pourrait pas raconter ce qu’il voit, ce qu’il entend, ce petit garçon, un peu casse-cou, un peu rêveur.

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