Les roses du jardin

Sur la table, un vase. J’ai cueilli des roses ce matin dans le jardin. Le soleil inonde le bouquet de lumière, en traversant le velux. Les pétales ressemblent à du velours. J’attrape mon appareil photo pour illustrer ce moment. En pointant l’objectif sur les fleurs, j’aperçois une petite bête. Elle semble un peu perdue et fatiguée, coincée entre deux pétales. Elle figurera sur la photo. Je tente le noir et blanc pour faire ressortir l’ombre. J’aime les fleurs, et plus particulièrement les roses. Surtout celles des jardins. Elles sont délicates, penchent un peu, s’appuyant sur le rebord du vase en grès. La petite bête a l’air endormi, loin du jardin où elle se trouvait encore ce matin. Comment la ramener à son milieu naturel ? Elle est jolie ainsi posée sur les pétales. Je profite du calme du matin, idéal pour commencer la journée. Il faisait frais lorsque je suis sortie cueillir les roses. Sûrement la faute à ces saints de glace avec leur nom à coucher dehors. Heureusement, les rosiers n’ont pas souffert du froid. Je ne me rappelle jamais la date à laquelle ces saints sont fêtés. Le souvenir qui me revient, c’est celui de ma grand-mère, qui m’en parlait chaque année. Alors, je pense à elle aujourd’hui. Elle qui aimait tellement son jardin et les fleurs dont elle s’occupait patiemment toute l’année. Les floraisons différentes selon les saisons. Ça peut être émouvant un bouquet, par sa simplicité, quand ça nous ramène à des êtres chers. C’est un peu comme si on les voyait, comme s’ils étaient là, à nos côtés. Comment déplacer la petite bête, la porter jusqu’à son rosier ? Mon regard se pose sur mon passeport, ouvert sur la table. Je le feuillette et je lis mon histoire à travers les pages. Bientôt, peut-être un nouveau départ, l’écriture d’une nouvelle histoire. J’ouvre le velux, invitant le soleil à entrer. Je ne pense pas avoir le temps, mais je me laisse éblouir par cette lumière. Elle ne fait que passer alors, je me laisse tenter. Le blanc des roses tranche avec le rose de la nappe. Toutes ces petites choses qui marquent une vie, je les laisse m’envahir pour sortir de ma fatigue, apprécier cet instant, penser à ce que je vais faire ensuite, mais pas trop. Ne pas se précipiter dans la suite. Regarder si la petite bête est sortie de sa torpeur. Essayer de la conduire jusqu’au rosier sans l’effrayer. Préparer ma valise pour la suite de mon histoire. On ne refait pas sa vie, on continue seulement, comme dit la chanson.

Ce contenu a été publié dans Atelier Papillon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire