L’été sera chaud, paraît-il. Sans les t-shirts sous les maillots de bain, jaune fluo. Pour être vu de loin, taper dans l’œil, se faire remarquer. Ou être moqué.
Elle sait que cet été aura un goût singulier ; celui des cartons. Assez vite, plusieurs problèmes se sont révélés. Le doudou de Simon devrait-il franchir l’océan ? Bien qu’il ne s’en serve plus pour s’endormir, il n’a pas réussi à le jeter. Sa grand-mère se montre conciliante ; elle allouera une pièce pour faire vivre le souvenir de ses fille et petits-enfants. Elle pourra ainsi s’assurer que le doudou ne souffre pas de la chaleur.
A la rigueur, la peluche fétiche ne prend pas tant de place. D’autres négociations sont plus ardues encore ; est-ce qu’on amène en Amérique les cahiers aux pages noires de lettres péniblement rondes ? Sinon tient aux photos de classe. Mais ses cahiers de débutant es lettres sont-ils indispensables ? La grand-mère aussi se pose des questions ; est-ce bien raisonnable de faire voyager ces vestiges du primaire ?
Simon est seul contre 2. Cela le contrarie. Alors il se focalise sur le présent. Depuis peu, il collectionne les cannettes de bière. Il aime les disposer en long, ou en hauteur, ou en pyramide. Quand il voit ses potes, c’est pour échanger des cannettes en double avec des cannettes nouvelles. Version inédite des cartes Panini.
La tante de Simon vient au secours du jeune homme. Celle collection insolite se commue aisément en œuvre d’art. Et l’empreinte écologique est diminuée car le garçon se procure des modèles sans les acheter, grâce au troc.
La mère n’est pas sereine. Les jours passent, les cartons se remplissent et elle se demande qui osera dire Stop avant qu’ils ne débordent. Elle se questionne sur l’aide à obtenir pour les fermer, les répertorier.
Simon et sa sœur ont booké les soirées pour une tournée d’au-revoir. Même à l’heure des appels en visio et des réseaux sociaux, les jeunes gens ont besoin de passer du temps en terrasse avec leurs pairs. Avant de poursuivre la conversation via le téléphone.
La mère compte sur la pluie pour éviter que sa progéniture ne l’abandonne à sa besogne. Las ! Avec ou sans eaux, ce sont les copains d’abord.
Merci Emmanuelle pour ce texte. J’ai fait lire à mon fils qui a trouvé ça « trop cool ».
Ton geste m’a beaucoup touchée.
A très bientôt
Marija