Sentir son absence dans chaque pièce. Dans chaque recoin de la maison. Dans chaque geste du quotidien. Cette absence qui s’installe vite finalement et qui pourtant me brûle les doigts. Je continue ma vie mais au détour d’une habitude je me souviens. Dans ces instants où elle était toujours là et la place est à présent vide. C’est si proche et si loin. Je voudrais oublié et en même temps me souvenir. Me souvenir de la vie mais oublier sa mort. Oublier son regard éteint. Oublier sa poitrine immobile. Oublier cet instant où tout a changé. Malgré tout au milieu de la nuit, les images reviennent en flash. Je fais tout pour les chasser mais elles sont là, gravées. Comme quelques autres. Comme une collection qu’on ne veut pas revisiter mais qui ne s’efface jamais. Peut-être que les larmes se sont taries mais le cœur se serre et la gorge se noue. Quand je tend ma main pour rencontrer le vide. Quand je pense entendre le bruits des pas dans l’escalier. Quand il n’y a qu’une là où il y avait deux. Et cette question sans cesse. Tu vas bien ? C’est anodin et destructeur en même temps. Répondre oui à ceux qui n’ont pas besoin de savoir. Répondre non à ceux qui m’épauleront. Laisser une larme couler. Et à cet instant se demander comment je vais lire ce texte. Je m’étais dit que je n’écrirais pas sur ce sujet. Les mots en ont décidé autrement. Peut-être était-ce nécessaire pour avancer ? Partager un peu ma peine. Un peu d’elle. Son pelage si doux qu’on voulait y enfouir sa tête. Ses pas lourds dans l’escalier quand elle entendait du bruit dans la cuisine. Sa façon de venir m’accueillir au portail en levant sa tête pour rencontrer ma main. La cavalcade du matin pour sortir le plus vite possible. Ses câlins rien qu’à elle, quand elle grimpait sur moi pour frotter sa tête contre la mienne. Tous ces souvenirs qui se bousculent dans son absence. J’ai la maigre consolation de savoir que j’ai tout essayé. Qu’il y avait peu de chance de la sauver. Qu’elle est morte dans mes bras en entendant ma voix. La maigre consolation de savoir qu’on lui a offert une belle vie. Heureuse et en confiance avec nous. Maire consolation car on aurait voulu plus. Plus de temps. Plus de câlins. Plus de jeux. Je ne sais même pas comment finir ou continuer ce texte. Je ne sais pas comment mettre les mots sur la violence de ces instants. Sur l’impuissance de la voir partir. Sur la responsabilité de ne pas avoir su la protéger. J’ai discuté, j’ai pleuré. Malgré tout à chaque fois une petite partie de moi meurt avec eux. Je sais que certains ne comprennent pas l’attachement que nous avons pour ces boules poilues. Mais ils sont autant une part de notre famille que les humains. Ils ont autant leur place dans notre cœur et dans notre vie.
S’être laissée porter par l’émotion. Par ce mot. Absence. Hésiter un instant à partager. Partager l’intime et la peine. Se lancer. Trébucher. Pleurer. Mais ne jamais toucher le sol. Reconnaissante. Emue. Consolée. Portée par la bienveillance à travers l’écran. Repartir plus sereine. Un peu libérée. Après cet après-midi d’écriture et d’échange. Accepter sa peine et son deuil. Sans se laisser écraser. La faire vivre pendant quelques lignes. Quelques instants. La partager avec d’autres pour ne pas l’oublier.