Voyage inattendu d’une feuille

Une feuille apparait sur ma feuille. Le vert qui se découpe sur le blanc. Une ligne verticale qui barre les horizontales noires. La feuille de l’arbre rencontre la feuille de papier et le crayon de bois. Ont-elles des choses à se dire ? Ou sont-elles si éloignées qu’aucune ne reconnait l’autre? Cette feuille verte est apparue si soudainement qu’elle a altéré le cours du moment. Le cours du texte. Toute idée s’est envolée à son profit. Bien posée au milieu du carnet, elle trône. Elle est passé du vert et marron à l’océan de blanc. Malgré tout, le blanc disparait lui aussi remplacé par le gris. Peut-on suivre cette feuille jusqu’au bout du texte ? Est-elle suffisante pour remplir l’entièreté du blanc ? Elle semble si petite logée entre les pages du carnet. Pourtant elle s’y sent comme chez elle. Comme si elle avait toujours été destinée pour cette place. C’est sa maison à présent. Assise sur le blanc, elle voit encore sa maison d’avant. Elle reste entouré des grands arbres et du bleu du ciel. Mais pour combien de temps ? Sait-elle ce qui arrive ensuite quand la page est remplie ? Quand la main cesse d’agiter le morceau de bois. Quand la page se tourne. Quand le carnet se referme. Elle ne verra plus la forêt ni le ciel. Occasionnellement, elle verra la lumière quand la main feuillettera les pages. Son nouveau quotidien, lui, sera sombre et enfermé. Peut-être trouvera-t-elle réconfort auprès de ses voisins. Les mots.

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