Hors champ

Le soleil miroite sur le sol enneigé

La chaleur ambiante réchauffe les coeurs

Aice ets partie plus longtemps que prévu

Le printemps est révolu

 

Pourtant dans le jardin de la Reine

Les rosiers sont toujours en fleurs

Les pétales dégagent un parfum coupable

Le cimetière royal ne dit pas son nom

 

Tiens, Alice reconnaît cette boule duveteuse

Dans la vallée immaculée

La queue du lapin blanc frétille

Lui aussi a quitté le Pays des Merveilles

 

La grenouille est seule au bord du lac gelé

Sa bedaine à même le sol ne ressent plus rien

Sa chaire est sine et se fond dans la neige

Ses nerfs arrivent à peine à la tenir éveillée

 

La tribu des grenouilles a émigré vers le sud

Mais elle s’est lancée le défi de rester

La vie n’est pas faite pour être seule

Alors dans un dernier effort elle saute vers la prairie

 

L’ascenseur s’approche enfin de moi

L’attente a été insupportable

A cause du gel les câbles électriques sont défectueux

Seul l’ascenseur des étages impairs fonctionne encore

 

Du haut de mon 27ème étage

J’ai eu le temps de réfléchir à ma journée

D’abord un petit-déjeuner avec ma stagiaire

Puis le tournage d’un tutoriel vidéo pour les clients

 

Le genre de journée qui me donne la pêche

Où chaque heure est différente

Où mon emploi du temps est aussi appétissant

Qu’une pendule qu’on aurait coupé en huit parts égales

 

J’entends les derniers mouvements de l’ascenseur

Je vois les câbles valser comme des lianes

Mon immeuble est une jungle

Enfin les portes s’ouvrent devant moi

 

Je pénètre l’habitacle de 3 mètres carrés

La jungle est sacrément habitée

Les odeurs sont animalières

Les parfums me font bondir hors de moi

 

Comment osent-ils embaumer la cabine de la sorte

Sous peine de vivre en communauté

Les uns se pouponnent et les autres s’entichent

Ce n’est pas une marmite c’est une cocotte !

 

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