Une gifle, seulement une gifle. Je sens encore la chaleur de ses doigts sur ma joue. Je serre les dents, je ne vais crier, je n’ai pas quitté ses yeux, je ne vais rien faire. Pourtant si j’avais une arme, un couteau, un révolver, je pourrais le tuer. Une rage énorme déferle dans mon corps, une haine forte bouleverse mon esprit. Je n’ai plus aucune morale.
Je fixe ses yeux, mon visage est impassible. Il a du mal à soutenir mon regard. Par un léger sourire, il essaye de lâcher la pression. L’intensité entre nous est électrique, visible. La vérité se cache hors du champ. Ma mère assise sur le canapé ne dit rien, elle est passive comme d’habitude, elle regarde ses pieds, elle ne dit mots pourtant elle sait. Tous les silences ne font pas le même bruit.
Il est droit devant moi, il a honte, il n’accepte pas pourtant il n’a pas le choix, il n’est pas question de choix. Il est question de s’assumer, de lutter contre une société hétéronormée, d’y trouve sa place, d’oser y être heureux, amoureux.
J’ai mis tant de temps pour arriver à ce moment, à dire ma vérité à mon père tant aimé. Je respire à fond, je cligne des yeux et je lui dis :
- Le RER A n’est pas le RER B mais ils vont tous les deux quelque part
Et j’ai redis :
- Oui Papa, je suis gay et continuerai avec toi ou sans toi
Et je suis sorti.