Ce matin, la neige a commencé à tomber. Cela faisait plusieurs jours que les nuages, lourds et bas, menaçaient de semer leurs petits flocons.
J’étais dehors quand elle a commencé à tomber, dans le jardin derrière la maison. Dans ce jardin, cela faisait longtemps que plus rien ne poussait. Pas de potimarron, pas de courge, ni même de carotte. Seulement une terre marron foncé, hostile, sans herbe. Debout, j’ai sorti ma main dans le froid mordant. Je me suis penché pour toucher le sol : la terre, gelée, était dure comme de la roche. Avec un frisson, je me suis redressé, et ai vite remis la main dans la poche de mon manteau, pour tenter de retrouver un peu de chaleur.
Je me suis retourné pour regarder la maison, toute tarabiscotée, de mes parents. Elle avait presque la même couleur que la terre, et était à peine plus hospitalière vue de l’extérieur.
C’est à ce moment-là qu’un premier flocon est tombé sur l’un des verres de mes lunettes. Puis un deuxième, sur mon front. Et tout à coup, de gros flocons se sont mis à dégringoler en virevoltant, sans s’arrêter. Je me suis vite réfugié à l’intérieur.
L’instant même où j’ai refermé la porte derrière moi, la chaleur réconfortante du feu de cheminée du salon m’a enveloppé. Je me suis installé dans le fauteuil, face à la fenêtre, après avoir bien secoué mon manteau déjà parsemé de blanc, et l’avoir posé dans l’entrée.
Je suis resté là, quelques heures je pense, à regarder la neige tomber, le sol blanchir et mon manteau sécher.