Un ping, un pong, un coq plié, une betterave sucrée, des personnages qui traversent des tableaux, des urgences qui n’en finissent pas, des dessins animés qui s’animent, des théâtres qui fleurissent, des pièces drôles, des films tristes. Ils avaient évoqué tous leurs souvenirs, ; partagé les instants saisissants de leur vie. Maintenant ils se reposaient dans un silence complice, confiants.
L’après-midi s’étirait comme une bobine de laine, colorée, ouatée, parfois rugueuse. Les images défilaient, sans suite, mêlant émotions et amusement.
Soudain, une réflexion de Jean : « C’est un monde : on se retrouve, on se raconte, puis on s’éloigne de nouveau toujours à proximité ».
Iris encore plongée dans ses souvenirs ne répond rien.
« Tu vois, repris Jean, tu ne dis rien. Tu es proche mais tu es loin » ;
Dans un petit sourire, Iris souffle : « le ping, le pong, le proche, le loin. C’est ça la vie ».
« Tu exagères. Tu pourrais être un peu plus présente ».
« Mais, Jean, je suis là. Tu me vois »
« Oui, mais tu es là, absente. Je te vois mais je ne t’entends pas ».
« Normal : le ping, le pong. La présence, l’absence ».
« Arrête, on dirait un film de psy. T’es là ou t’es pas là ? »
« Jean, tu ne comprends rien. Il y a longtemps que je suis partie ; partie sur l’écume des mers rejoindre tous ceux qui ont aimé les flots marins, les vagues bleues, les vertes, celles qui se fracassent sur les rochers, celles qui s’enfoncent au plus profond du grand large. Laisse moi maintenant. Je dois rejoindre mon royaume aquatique et mes amis des grands fonds ».
« A bientôt ma sirène »