Lijefors

Un lapin ? Non,  un lièvre aux longues pattes, immobile sur la neige. Un espace comme un alpage à l’austérité immaculée. Rien ne vient animer cette surface monochrome et moelleuse. Dans le ciel pas un oiseau. Le lièvre est seul, le museau auréolé de lumière, ses oreilles duveteuses attentives au moindre bruit. Il a couru toute la journée,  cherchant une herbe rare, quelque plante hivernale recouverte de givre. Un buisson gris et noir lui sert d’arrière plan.

Au calendrier on note le 19 eme siècle, au registre des noms, Liljefors, un grand peintre suédois qui empoigne la nature à bras le corps dans chacun de ses tableaux.
le lièvre s’est immobilisé, le nez frémissant, l’œil aux aguets. Il occupe tout l’espace.
qu’est ce qu’il a vu ? Une silhouette sombre qui avance lentement, ?un renard aussi affamé que lui ?

Liljefors nous laisse imaginer tout ce qui peut se passer hors champ. Un chasseur malveillant ? Un enfant fatigué qui rentre de l’école ? Il faut alors imaginer au loin une maison rouge, discrète dans la brume. Un goûter attend peut-être l’enfant, lait chaud et pain d’épices. Son cartable pèse sur ses épaules, il s’enfonce un peu dans la neige, mais il sait que sa mère l’attend. Elle aura allumé une bougie et quand il arrivera elle le prendra dans ses bras. Elle lui ôtera ses chaussures et réchauffera ses pieds dans ses mains.

le lièvre n’a pas bougé quand l’enfant est passé près de lui. Ce tableau est un arrêt sur image où l’on respire l’air froid à grandes bouffées dynamisantes.

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Une réponse à Lijefors

  1. Emmanuelle P dit :

    Merci Monique de rétablir la vérité : je n’ai pas fondu devant Panpan sur la neige, mais en croisant le regard d’un lièvre sur une affiche.

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