Partir…

Elle a quitté l’enfance dans le sifflement des missiles et les cris des blessés. Elle a quitte Sa maison en feu sans emporter sa poupée préférée. Autour d’elle la peur et la colère. Dans son. Leur un indicible effroi. Accroupie près de sa mère, elle a serré fort sa jupe. Toutes deux immobiles dans un silence de cendre.

Elle a quitté son pays et les puits asséchés, loin de l’aride nudité Du désert. C’était la nuit, une nuit remplie d’attente et de promesses. Dans son cœur les souvenirs cachés. Elle a quitté les odeurs familières, les propos coutumiers, les joies, les peines qui tissent le quotidien., dans l’espoir d’un autre quotidien. Dans son cœur un indicible courage.

Elle aurait bien voulu quitter cet homme auquel on l’avait mariée à quinze ans. Cet homme rude et taciturne. «  tu as eu de la chance » disaient ses cousines. Elle aurait voulu se jeter hors du lit quand il la prenait dans ses bras.  « Tu verras on s’habitue » disaient ses sœurs. Dans son. Orts un indicible dégoût. Autour d’elle dans les parcs des amoureux aux bouches gourmandes. Dans son cœur une indicible envie.

pendant des années l’espoir l’a quittée. Autour d’elle la tradition et le renoncement. Un parcours d’ombre et de grisaille dans la conformité des rituels. Dans son cœur une indicible tristesse.

un matin elle a décidé de tout quitter, mari, enfants, petits- enfants. Autour d’elle la stupéfaction. » on ne peut pas faire ça «  ont dit ses sœurs. Dans son cœur une indicible rage. Dans son cœur le battement d’aile d’un papillon. Surtout ne pas se retourner.

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Une réponse à Partir…

  1. Emmanuelle P dit :

    Merci Monique pour la force de ce récit, qui peut traverser les siècles. Indicible condition de certaines femmes prisonnières des attentes envers elles.

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