Serge

C’était notre première étape sur le Camino del Norte, Irun-Saint-Sebastian. Une première partie très belle mais aussi exigeante ; la montée vers le Monte Jaizikiel, une longue marche le long de la crête avec des vues magnifiques sur les terres intérieures et sur l’océan et la descente vers la petite ville de Pasajes de San Pedro, une descente qui n’en finissait pas.
C’était avant d’arriver à la petite ville portuaire ; il faisait très chaud ce jour-là, et nous marchions d’un bon pas en pensant à la terrasse de café où nous pourrions faire une pause bien méritée et nous désaltérer.
Alors que nous attaquions une grande ligne droite bordée d’arbres, nous avons vu la silhouette de Serge au loin. A ce moment-là, nous ne savions pas encore qu’il s’appelait Serge. Nous étions loin, mais sa démarche nous interpella ; il marchait très lentement et de guingois. Au fur et à mesure que nous approchions, nous étions de plus en plus intrigués. Il faut dire qu’il n’avait vraiment pas l’allure des pèlerins que nous avions croisés jusque-là.
Tout en lui nous est apparu anachronique ; il portait un pantalon de ville épais bleu marine, une chemise blanche, des chaussures de ville du style mocassins, un sac à dos tout de travers qui avait beaucoup vécu, et à la main, un livre, Topaze de Marcel Pagnol !
Quand nous sommes arrivés à sa hauteur, Louise s’est arrêtée :
« Je ne peux pas vous laisser continuer comme cela ! Votre sac à dos est très mal fixé, vous allez vous faire mal ! ».
Il nous a regardés, nous a sourit et s’est laissé faire. J’ai pris son livre. Et Louise s’est attelée à redresser le sac à dos, et fixer toutes les sangles.
« Ah bon, il y a aussi des sangles pour le fixer aux hanches ? » lui dit-il.
Nous étions amusés ; lui était comme un enfant.
Nous avons un peu discuté ; il nous a dit qu’il s’appelait Serge, et qu’il était parti sur le camino avec des amis qui étaient très loin devant.
« Merci, vous êtes une mère pour moi ! » a-t ’il dit à Louise.
Et nous avons tous poursuivis notre chemin, chacun à son rythme.
En arrivant à Pasajes San Pedro, nous avons fait une pause. A côté de nous, un groupe de pèlerins français ; une des femmes parla de Serge qui n’était sans doute pas près d’arriver… c’était son groupe d’amis…
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