Sethiev est fatigué….

Une brume cotonneuse enveloppe la rue et les façades. Un peu de verdure troue la grisaille. Sethiev marche lentement, un lourd tableau  sous le bras. « C’est pas certain qu’il me l’achète. Depuis quelques jours Sethiev rumine de mélancoliques pensées. «  il voudra en voir plus, va falloir au moins lui en montrer cinq. Les collectionneurs sont des gens insatiables, c’est dans la nature même du collectionneur.  Enfin, mon vieux t’es bien content qu’on t’en achète non? , un  peu d’honnêteté quand même … » son dernier tableau enveloppé dans une épaisse toile écrue pèse sur ses épaules. « Le temps nous passe sous le nez tout en nous filant entre les doigts »Sethiev sourit, tout en se moquant de lui- même. «  un bon exercice pour les égos joufflus » aurait dit Nina. Elle est partie à New York et ne sait pas quand elle rentrera….

une branche de cerisier cogne contre la verrière, dans l’atelier une odeur persistante de White Spirit. «  quelle idée de t’être remis à l’huile … mais ce glissando voluptueux sur la toile, c’est incomparable… »il aligne quelques œuvres dans la lumière rasante du petit matin. Le chat des voisins se frotte contre la porte.. «  non pas maintenant, pas de câlins, j’suis pas d’humeur. » sans raison Sethiev a envie de pleurer. «  comme une fille perdue » pense- t’il. «  t’es un sale macho » lui dirait Nina en faisant mine d’être en colère. Son Galeriste lui manque de respect, les visiteurs ne comprennent  rien et de toute façon tout le monde se fout de la peinture. La nouvelle ministre de culture pense sans doute que Rothko est le nom de la nouvelle collection de sacs Vuitton.
En ramassant quelques pinceaux qui traînent, il se dit qu’il est temps de repartir à zéro., de redéfinir une nouvelle approche. Mais quoi? Une aventure encore mal définie. Ce matin tout va de travers. Son ami Rola est tombé dans la rue, on a du l’hospitaliser. «  on va tous y passer, les jours sont comptés….mon pauvre Sethiev tu dérailles complètement. Nina appelle ça – son fond du trou- «  râle un peu dirait Nina, en râlant tu refais toujours surface. » on frappe au carreau. «  john aussi a une sale gueule ce matin. «  Sethiev l’accueille dans un éclat de rire tonitruant.

 

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