Un papier peint mauve avec des petites fleurs. C’est la première chose que j’ai vu en entrant. Dans cette maison qui retenait son âme. Certain ne croit pas aux histoires de lieux. J’y ai toujours cru. Je les ai si souvent ressenti ces atmosphères suspendues, comme une eau limpide qui suinterait des murs.
Les lieux vibrent, respirent, enivrent ou figent, c’est selon. Selon l’espace temps, refuge fatal, brutal ou protecteur.
Un proverbe dit que l’on perd son âme si l’on a 2 maisons. Il y a trop à partager peut être. Trop d’émotions, de vibrations, de joies et de chagrins.
J’ai toujours eu une intense joie à rechercher ma maison. La maison de ma réussite. Celle qui viendrait après. Après celle ci parce qu’une nouvelle histoire devait s’écrire, s’immiscer dans de nouvelles pièces, de nouveaux crissements et craquements. Le mélange des sentiments est souvent troublant. On quitte un endroit, on en cherche un autre. Plus grand, plus haut. Ou plus petit, plus secret aux abords de la forêt. Comme une jumelle cachée.
Parfois, j’y ai retrouvé des lettres abandonnées lors d’un déménagement. On lit alors le récit de cette autre vie, d’une âme qui a laissé sa trace un jour, des mois ou des années. J’aime les lieux, je les ressens charnellement, peau à peau. Ou je les repousse, vivement, s’ils me rejettent. Si rein de bon, aucune douceur ne s’en échappe. Les lieux peuvent être noirs, sombres et sans vie. Ils ne sont que le reflet de ceux qui les envahissent.
J’aime l’idée de prendre soin de sa maison, comme on prendrait soin de ceux qu’on aime. La dorloter, la bichonner.
Je me souviens de toutes les maisons de ma vie. Intensément. Des odeurs, des contours, des espaces. Ces lieux m’ont construite, forgée et renforcée. Parce que je les vis comme des refuges absolus, imprenables. Mes forteresses heureuses.