Calligraphie

Nicole a commencé à apprendre la calligraphie depuis quelques temps. Elle avait envie de découvrir une nouvelle activité. Elle connaissait le graphisme des lettres à travers son travail d’écriture. Mais dans cet exercice, peu de temps pour s’appliquer à la formation des lettres. Un peu en pilote automatique, elle laissait souvent libre cours au fil de ses pensées. Parfois, elle posait sa colère sur le papier. Parfois, elle laissait couler sa peine, comme auraient pu couler ses larmes sur ses joues. Le temps d’un instant, elle se libérait, se réjouissait, se renfrognait au fil des mots. Son esprit alors, s’apaisait. Après avoir creusé au fond de ses pensées, elle se sentait vidée mais plus sereine. Elle revivait ainsi ses journées, ses sensations. Elle y réfléchissait, scrutait ce qui l’habitait. C’était son rituel quotidien, sa séance de sport ou d’étirements. Elle ne pouvait s’en passer. Au bout de son bras, par bribes, le flot de ses pensées apparaissaient sur la feuille.

Avec la calligraphie, elle a voulu former ces mêmes lettres avec application, dans un geste épuré. Sans que leur disposition ait un sens. Elle a envie de se détendre par le geste, sa répétition. Les pleins et les déliés. Se détendre par la concentration sur le mouvement de la main, la souplesse du poignet. Dessiner des lettres sans former de mots, de phrases, de paragraphes, de textes. Cela est totalement nouveau pour elle. Elle apprécie que ces deux activités se complètent, qu’elles aient leur propre existence. Que l’une ne soit pas dépendante de l’autre. Ce qu’elle ressent est différent. L’enjeu émotionnel aussi. Avec la calligraphie, elle a appris la patience, la prise de temps nécessaire. L’écriture la met dans l’urgence. L’urgence de poser ses émotions, l’urgence de la course du crayon qui doit aller aussi vite que celle de sa pensée. L’urgence d’être elle, sans composer, sur le papier.

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