Forteresse

Jérôme était là, droit comme un i, fier d’être à la tête de son fief. Dans son fief, il n’y avait que lui et lui seulement. Il en était content, ça lui permettait de prendre du temps pour lui, rien que pour lui.
Il pouvait s’asseoir à la fenêtre pour regarder le paysage ou écrire. Il pouvait écouter de la pop à fond les ballons et danser en rythme, de manière déguingandée. Il pouvait chanter à tue-tête. Il pouvait manger des fruits en entrée à la place du dessert, en gros, faire des expériences culinaires.
Les murs de son fief étaient hauts, faits de pierres épaisses qu’on ne pouvait pas jeter. Les fenêtres avaient des barreaux, pour celles du rez-de-chaussée. Après sa porte d’entrée, il avait fait installer un tourniquet pour faire comme s’il prenait le métro. Il voulait avoir l’impression de partir en voyage quand il rentrait chez lui, dans son fief.
Jérôme s’amusait à jouer avec les mots en regardant des émissions de jeux à la télé ou en faisant des mots croisés. Selon le nombre de cases, il pouvait écrire avala ou armada pour les mots qui commençaient et finissaient par un a. Ça lui faisait penser à Anna.
Il pourrait lui demander de venir vivre dans son fief, mais il ne serait plus le roi chez lui, il le craignait fortement.
Anna était espiègle. Elle en avait sous ses talons hauts. Elle avait l’air de savoir qui elle était et où elle voulait aller. Jérôme n’était pas vraiment sûr que ce soit auprès de lui.
Il se sentait parfois fautif car elle ne pouvait vraiment pas deviner les sentiments profonds qui l’animaient. Elle, Anna, la belle rousse qui lui faisait chavirer le cœur.
Alors oui, dans son fief, il pouvait faire plein de choses pour lui, même de la natation. Ce qu’il aimerait, c’est partager l’eau du bain.

Ce contenu a été publié dans Atelier Papillon. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire