Le jeu de la vérité

– Jouons au jeu de la vérité.
– Tu veux dire à action ou vérité ?
– Mais non, on n’a plus 12 ans. Juste la vérité, rien que la vérité. Dites je le jure !
– Tu t’es crue où là ? Dans un tribunal américain ?
– Franchement, vous n’y mettez pas trop du vôtre. J’essaie juste de mettre un peu d’ambiance, vu qu’on ne peut plus écouter de musique.
– C’est vrai que c’est chiant cette coupure d’électricité. On va se cailler en deux deux.
– Bon alors, on joue ?
– Mouais, allez, chuis pas convaincu.
Ça va pas créer des problèmes tout ça ?
– Mais noooon, on va pas déterrer des secrets de famille non plus, c’est juste le temps qu’on puisse remettre de la musique.
– Bon, ok, ok. Vas-y, commence.
– Quelle est ta couleur préférée ?
– C’est ça ton jeu de la vérité ?
– S’il te plaît, joue le jeu. Je ne vais pas te demander de te dévoiler immédiatement non plus.
– Bon. Soit, alors je vais dire le bleu.
– A toi de poser une question à la personne à ta gauche.
– Tu as eu quoi comme cadeau de Noël ?
– Un bonnet. A moi, attends, je réfléchis.
– Oh, c’est juste un jeu là, tu vas pas mettre 107 ans !
Oh c’est bon, t’énerves pas. Alors je te demande : quelle est ta région préférée au monde ?
– Elle est débile ta question, c’est évident : le Far-West !
– Tu pourrais essayer d’être un peu plus sympa le cow-boy !
– Pff ! Bon, ma question.
– Ah, tu vois, c’est pas évident comme ça, de but en blanc.
– C’est à mon tour de poser la question, tu peux la fermer que je me concentre.
– Ouh la, Monsieur se fâche…
– Bon, ma question : quelle est la date du jour ?
– Alors tout dépend du calendrier que l’on considère.
– Oh putain ! J’aurais dû y réfléchir à deux fois avant de lui poser la question.
– Je disais donc, tout dépend du calendrier pris en considération. Mais nous sommes à Paris, je pense que nous sommes à peu près tous de la même confession ou sans confession, donc nous sommes le 14 janvier 2024.
– Enfin ! On va pas y passer la nuit sur une putain de date.
– Ma question pour ma voisine : que se passera-t-il dans un mois ?
– La Saint-Valentin, dit-elle en rougissant, des étoiles plein les yeux.
– Quelle cruche celle-là aussi, intervient le cow-boy.
– Bon, tu vas jouer ou pas, là tu casses l’ambiance, Monsieur du Far-West.
– Alors, moi, je vais poser ma question à ma voisine : pourquoi il n’y a pas d’électricité ?
– Euh, joker !
– Ah non, pas de joker, c’est toi qui as lancé le jeu, tu réponds !
Elle fixe le sapin iridescent, essaie d’échapper à la discussion.
– Alors, pourquoi y a pas d’électricité ?
– Ben, en fait, j’ai oublié de payer la facture… J’avais juste espéré que ça allait passer pour le dîner entre nous et qu’on allait passer un bon moment.
– Tu fais chier ! T’es toujours dans la lune, tu peux atterrir de temps en temps ? Ce n’est pas comme ça que tu vas faire une rencontre sympathique cette année.
Ça, c’est certain, en tout cas, pas ce soir, pas avec toi cow-boy.
– De quoi je me mêle ?

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