Robert, tout habillé de blanc, patiente sur un banc. Elle arrive au petit trot, la flamme levée vers l’avenir.
Il la prend avec précaution et parcourt les 500m qui le séparent de Maurice, et ainsi de suite… Le village s’est mobilisé, a envoyé une candidature groupée pour participer.
Cette année, la flamme fera le tour de France, avant le lever de rideau du jour J, à l’heure H.
*
Dans son bureau, Caroline sent son cerveau frôler l’ébullition. Une pause s’impose. Elle palpe ses poches, oubliant qu’elle a décidé d’arrêter de fumer, que « c’est promis, demain, c’est la dernière ! », mais qu’il y a encore des moments où elle demande innocemment à Jean-Luc :
– Dis-donc, t’as pas une clope ? Juré, je te la rends demain !
Ce qui implique une pyramide de Ponzi des cigarettes, puisque Caroline en théorie ne fume plus, et donc n’achète plus de clopes. Elle doit alors demander à François de lui filer une clope pour la rendre à Jean-Luc, puis solliciter Yvon pour restituer à François la cigarette qu’elle lui a taxée.
La cloche sonne. On sort, on fume, et on débranche Jean-Luc au passage. Il a besoin d’un bon reboot ; l’organisation des compétitions lui dévore les neurones.
L’entreprise Dupont lui a livré des tatamis rouges. Cela risque de déteindre sur les kimonos blancs. Or un kimono blanc doit impérativement rester monochrome. C’est le règlement. Caroline lui a soufflé que si les judokas portent des kimonos rouges, cela fera l’affaire.
– Oui, mais s’ils sont au sol, comment les distinguer du tatami ? Et pour les yeux, c’est violent, rouge sur rouge.
Jean-Luc avait commandé des tatamis couleur crème pour le judo. Oui, mais c’est la salle de taekwondo qui les a reçus. Et comme les épreuves de judo et de taekwondo auront lieu en même temps, on est mal.
Jean-Luc rumine. Caroline fulmine :
– On n’aurait pas dû accorder une nouvelle chance à la société Dupont. Le dernière fois qu’on leur a commandé un truc, ils se sont plantés ; on leur demande des javelots, ils nous expédient des perches.
Jean-Luc calme le jeu.
– Bah ! De toute façon, on a besoin de perches pour les athlètes qui ont laissé leur matériel à la douane.
– Mouais, rétorque Caroline. Non mais t’imagines s’ils nous avaient livré des barres de pole dance ?!
– Des quoi ?
– Laisse tomber… Allez, on y retourne ! On en est où des livraisons pour la salle de boxe ?
– Zut ! je me disais bien qu’il y avait un truc qui manquait dans le dépôt. On a un stock de cordes à sauter. Mais le matos pour monter les rings, on ne l’a pas réceptionné.
– Ah ! Et tu t’en es rendu compte il y a longtemps ?
– 3 semaines, pourquoi ?
– Et tu n’as rien fait depuis ?
-… Je me suis déplacé pour vérifier si les tribunes du skate-park étaient conformes.
– Et ?
– Ben… on va acheter des chaises de camping et on atteindra la capacité prévue.