Cher Mimi,
Cela fait bien longtemps que je n’ai pas pris de tes nouvelles. Mi-août, ou mi-juillet, je crois. Je ne me rappelle qu’à moitié de l’année. Mi-2000 ? Cela ferait beaucoup, non ? Mi-2010 ?
Bah, l’essentiel est qu’enfin je t’écrive afin de te raconter ce que je suis devenue depuis notre mi-engueulade, mi-dispute, qui a débouché sur une mi-séparation, à moins que ce ne soit un mi-divorce.
Comme je n’ai rien reçu de Maître Miro, je reste sur la mi-rupture.
Où en étais-je ?
Ah oui, même pas à mi-parcours de mes aventures depuis que tu es parti, après une soirée mi-figue, mi-raisin. Non, je n’évoque pas la part de tarte que tu t’es réservée, ne me laissant que quelques miettes. Je parle de l’atmosphère bizarre, étrange, mystérieuse de cette soirée aux chandelles. Lesquelles se sont consumées à mi-hauteur. C’est révélateur.
Donc, ce milieu de semaine de cette date mi-vague, mi-floue, tu m’as laissée avec Mirza, le chien mi-berger belge, mi-berger allemand, et notre fille Mirabelle. Te rappelles-tu que tu as une fille ? Tu lui manques, tu sais.
Je me souviens encore du jour où nous décidâmes de son prénom. Nous étions enlacés sur le pont Mirabeau, et tu murmuras à mon oreille droite :
– Si c’est une fille, nous l’appellerons Mirabelle !
– Et si c’est un garçon ? avais-je demandé d’un air mi-curieux, mi-goguenard.
Ta réponse me cloua le cœur. Tu prononças 4 lettres. Oui, Mimi, 4 lettres : « Euuh ».
Heureusement, je n’ai pas eu un fils.
Mirabelle a fait nos joies. Désormais, elle est ma fierté. Mi-magique, mi-géniale, elle va sur ses 16 ans avec ardeur. Ses cheveux sont mi-blonds, mi-châtain clair, et bien des regards se retournent sur son passage. Elle ne mâche pas ses mots lorsque ses amis lui demandent où est son père : « Il m’ignore ». Es-tu fier de ça ?
Et moi dans tout ça ?
Eh bien j’ai survécu. Lorsque tu t’es barré, j’ai coulé quelques minutes avant de me relever pour ma fille.
J’ai déménagé, aussi. Je suis à mi-chemin entre le lycée et le bureau. C’est parfait. Je suis entrée dans un ministère, aussi. Ça t’en bouche un coing, n’est-ce pas ? Désormais je côtoie chaque jour des militaires. Ils ne me demandent pas qui est l’homme associé à l’alliance que je porte. Et encore… c’est un bien grand mot pour désigner une espèce de bague composée de toc et d’argent.
J’ai essayé de la faire expertiser. On m’a fait comprendre à demi-mot que les secondes prises par le joaillier coûteraient plus cher que le bijou lui-même.
Tu n’es pas mi-rat, mi-riche. Tu es un radin. Entier.
On sonne. Je reprendrai la lettre plus tard.
Merci Emmanuelle.
Je n’avais eu que le début avec la perte de la connexion…
Tu t’es bien prise au jeu du « mi » au début, au milieu des mots
J’aime beaucoup le pont Mirabeau et le prénom qui en découle Mirabelle 🙂
Bravo d’avoir relevé le défi !
Merci Marija !
une histoire qui se déroule ou se chante comme un poème, rythmé par ce MI…
Bravo.