Liberty Jane

Ils sortent de la salle de bain, chacun vêtu d’un doux kimono blanc. La vapeur s’échappe dans la chambre d’hôtel et se colle à la fenêtre. Liberty Jane s’approche et dessine un cœur avec son index. Ses jambes fuselées, hors du clapotis de l’eau de la douche, ruissellent encore. De son index, Infinity Joe récupère la goutte et l’essuie en remontant le mollet, le genou. Liberty Jane le stoppe en attrapant son poignet. Il lève les yeux vers elle, tente de défaire la ceinture de son kimono. Tout à l’heure, lui dit-elle. Le tapis rouge nous attend.
Les objectifs se déchaînent, les flashes éblouissent. Liberty Jane sourit. Infinity Joe aussi. Elle lui tient la main, fortement. Elle a peur de basculer. Elle s’accroche à sa main douce et ferme.
Leurs yeux se croisent une dernière fois avant la montée des marches. Un regard d’encouragement, un regard qui dit « allez, vas-y », mais aussi un regard qui dit « c’est bientôt fini », un regard qui dit « je t’ai promis ».
Une brise printanière fait voler les cheveux de Liberty Jane. Son odeur s’engouffre dans les narines d’Infinity Joe. Il aime comme cela le désoriente, comme cela l’ancre à la fois.
La porte claque. Elle ôte ses talons qui lui font mal. Quelle aventure ce tapis rouge, songe-t-elle.
Infinity Joe allume la télé sur un feu de bois. Un truc relaxant. Un truc romantique sans risque de mettre le feu. Quelle mésaventure ce tapis rouge, songe-t-il. Elle n’aime vraiment pas ça, cette exposition permanente.
Il ôte son nœud papillon, sa veste de costume, il commence à déboutonner sa chemise. Liberty Jane vient l’aider. Il est temps de perdre pied, de quitter la terre.
Elle murmure : on en était où tout à l’heure ?
Il reprend la course de son index sur une goutte d’eau depuis longtemps évaporée.
L’eau. L’air. Le feu. La terre. Les quatre éléments. Des draps blancs. Des draps froissés. Des vêtements éparpillés. Des kimonos blancs. Un temps suspendu. Lily, lui murmure-t-il. Indie, lui répond-elle.
A la fenêtre, à travers le feuillage, un oiseau tente de s’envoler. Il est posé sur un chêne là, juste devant, comme si sa vie en dépendait, comme si c’était le début d’une nouvelle vie.
Sur la vitre, le cœur dessiné s’est agrandi. Liberté infinie. La flamme levée vers l’avenir.

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