Obligation amicale

Elise se demandait pourquoi elle s’était embarquée dans cette histoire. Pour Anna bien sûr qui avait insisté pour qu’elle vienne. « Je ne veux pas être toute seule. » « Tu verras ce sera sympa. » « Revoir tout le monde et se moquer d’eux c’est une bonne activité. » Et comme d’habitude Elise avait été faible et avait suivi. Elle avait eu un doute en cochant oui sur l’invitation mais elle avait promis. Et puis elle s’était convaincue qu’elle serait contente de revoir les gens, de savoir ce qu’ils sont devenus. Anna était excitée à l’idée de ce week-end. Evidemment elle avait toujours été le centre de l’attention et avait gardé plus ou moins contact avec tout le monde. Elise arriva à la gare sa valise à la main. Le train serait annoncé dans quelques minutes. Et bien sûr elle était seule car Anna avait changé ses plans au dernier moment. Elise hésitait encore à faire demi-tour et rentrer chez elle. Elle fit même un pas vers la sortie puis elle vit les yeux suppliant d’Anna et soupira. Il valait mieux subir deux jours que des mois. Le panneau d’affichage changea. Voie B. Et c’était parti pour un voyage en train pour traverser le pays. Puis passer deux jours avec 30 personnes qu’elle n’avait pas vu depuis dix ans. Elise suivit le flot des gens puis remonta le train. Voiture 12. Elle déposa sa valise dans le compartiments dédié. Place 51. Assise avec le visage tourné vers la fenêtre, elle respira un peu. C’était la meilleure partie du week-end. Des heures de train sans personne pour la solliciter. Elle attrapa ses écouteurs puis choisit soigneusement la musique. Ses épaules se baissèrent et tout son corps se détendit. Elle lança une petite prière au dieu du train pour ne pas avoir d’enfant et se cala confortablement. Pendant le trajet, elle oublia le travail et ses soucis pour se plonger dans un livre. Elle voulait le lire depuis des mois mais n’avait jamais le temps. Elise savoura le plaisir d’une solitude ininterrompu. Elle regarda le paysage, s’émerveilla devant des chevaux, observa la silhouette des montagnes. Jusqu’à l’annonce de son arrêt, où sa bulle éclata. Elle remit son armure pour se préparer aux discussions interminables, à être mal à l’aise avec des gens qu’elle ne connait plus, à se retrouver seule parce qu’Anna sera partie voir quelqu’un d’autre. Valise à la main, Elise posa un pied sur le quai comme si elle se préparait à une bataille.

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