Nous ne sommes pas prêts de l’oublier. Une glissade calme et apaisante sur la Seine puis une traversée annoncée mystérieusement par le capitaine du navire : je vais devoir faire la Manche. Y a-t-il quelque chose de compliqué dans cette traversée ? Au début du trajet, Maëlys avait sorti son vernis rouge, l’avait secoué. Elle avait pris soin de ses ongles et les avait laissés sécher à l’air marin qui s’engouffrait. Elle n’entend que la fin de l’annonce du capitaine : la Manche. Une traversée qu’elle avait faite adolescente pour aller visiter Londres.
Aujourd’hui, elle se prépare à un plus long voyage parce qu’elle a peur de l’avion.
Nous ne sommes pas prêts de l’oublier. Maëlys perçoit cette bribe de conversation de ses parents. Pour une fois qu’ils ne sont pas en train de se disputer. Ils lui avaient gentiment demandé de les accompagner sur cette croisière. Un cadeau d’anniversaire de mariage.
– Tu comprends, ma chérie, cinquante ans d’union avec ton père sans s’entre-tuer, ça mérite un beau voyage, tu ne crois pas ?
– Oui sûrement, avait acquiescé Maëlys. Mais pourquoi je viens moi alors ?
– Parce que tu es le fruit de notre amour, pardi !
– Maman, c’est gentil, mais la vraie raison s’il te plaît, c’est quoi ?
– On ne sait jamais avec ton père tu sais. Au cas où il aurait le mal de mer ou je ne sais quoi, je préfère que tu sois là.
– Je ne comprends vraiment pas pourquoi, mais bon pourquoi pas.
Maëlys s’était jetée à l’eau. Elle avait plaqué son boulot, son métro et son dodo pour se lancer dans cette croisière avec ses parents. Elle s’était prise à rêver d’y rencontrer son Jack qui ne coulerait pas au fond de l’océan parce que la planche était trop petite.
Maëlys fait glisser ses pieds nus sur le ponton au rythme d’une musique, imaginaire, en fond sonore.
Nous ne sommes pas prêts de l’oublier. Cette phrase retentit et siffle dans les oreilles de Maëlys. Elle continue d’onduler d’une démarche chaloupée. Elle repère la proue du bateau, l’endroit même où elle se tiendra debout, les bras en croix et son Jack qu’elle n’a pas encore rencontré criera « je suis le roi du monde ».
Maëlys pense à sa mère. Elle parle beaucoup trop mais ne dit jamais ce qu’il faut et ne répond pas aux questions. Elle est souvent à côté de la plaque mais toujours aux fourneaux.
Nous ne sommes pas prêts de l’oublier, avait-elle dit assise sur le transat. Puis son père avait renchéri : Oui, nous ne sommes pas prêts de l’oublier.
Maëlys a noué un foulard dans ses cheveux. Comme dans les films. Sa longue robe blanche danse dans le vent. Ses bracelets rouge et or se cognent et forment une douce mélodie. Maëlys fait vite le tour du paquebot. Elle repasse devant ses parents. Sa mère s’esclaffe, une coupe de champagne à la main.
– Je suis pompette, ça faisait longtemps, hein ?
– T’en es à combien de coupettes, là ? Faudrait pas que ça te donne la gerbe.
– Oh la la, quel rabat-joie tu peux faire toi quand tu t’y mets ! Je me demande comment j’ai pu tenir cinquante ans auprès de toi !
– A qui le dis-tu !
Les parents aperçoivent Maëlys et sourient. Le ton change. De la taquinerie sur une pente dangereuse pouvant mener à des éclats de voix, ils se mettent à rire à gorges déployées. Ah ça c’est certain, nous ne sommes pas prêts de l’oublier, disent-ils en chœur.
Quoi donc ?, se demande Maëlys. Ils ne sont pas prêts d’oublier ce voyage ? Ils ne sont pas prêts de l’oublier, elle, avec ses rêves plein la tête ? Ils ne sont pas prêts d’oublier qu’ils s’aiment et se détestent depuis cinquante ans ?
Maëlys redresse ses lunettes de soleil, leur sourit et repart pour un tour. Elle descend d’un étage, elle déambule. Heureusement, la mer est calme.
Maëlys cherche mais ne trouve pas. Elle ne sait pas non plus trop ce qu’elle cherche à part son Jack, mais un Jack qui, lui, resterait vivant. Longtemps. Une larme coule sur sa joue droite. Elle l’écrase de sa phalange.
Elle entre dans une immense salle, au fond un piano à queue et un parquet lustré, brillant. Elle se lance dans une valse à trois temps, fait attention à son port de tête, son cadre et compte un, deux, trois, un, deux, trois.
Elle vole, sa mémoire envolée, ses souvenirs oubliés. Elle ne peut pas. La pelouse doit être couverte de pâquerettes désormais. Elle s’imagine en cueillir une et lui enlever les pétales un à un en récitant il m’aime, un peu, beaucoup, à la folie, passionnément, pas du tout. A chaque fois, ça tombe sur « pas du tout ». C’est obligé, se dit-elle, sinon il ne m’aurait pas quittée.
Ça s’agite dans le fond de la salle et l’arrière-salle. Des bruits d’assiettes, de verres, de vaisselle. Des talons qui claquent sur le parquet. Des costumes trois pièces avec nœud pap qui dansent avec d’énormes plateaux en argent.
Maëlys s’échappe par une porte battante. La voix du capitaine grésille dans le haut-parleur. Prochain arrêt : République. Maëlys se gratte la tête, elle a dû mal comprendre. Elle demandera à ses parents. Mais pas maintenant.
Elle passe devant une piscine avec un bar. Personne dans l’eau. Personne accoudé non plus. Ça doit être fermé, songe-t-elle. Elle croise un maître-nageur en maillot de bain rouge avec une bouée rouge et blanche en bandoulière. Il lui sourit en guise de bonjour et continue d’un pas assuré et rapide. Un homme à la mer ? Est-ce possible, s’interroge Maëlys. Pas son Jack, elle espère. Ils n’ont pas heurté d’iceberg et ils ne sont pas en train de couler.
Les moteurs du paquebot s’affolent. Ça fait un boucan énorme. Terre à l’horizon. Première escale. Premier port.
Maëlys aimerait remettre les pieds sur terre. C’est trop douloureux. Elle a peur de sombrer. Ça tague un peu trop.
Le bateau fait des manœuvres dignes d’un créneau à Paris, pourtant il n’y a que de l’eau, devant, derrière, à droite, à gauche. Un énorme bruit métallique se déroule et éclabousse. La robe blanche de Maëlys est trempée. Ça ne la dérange pas, elle aime bien. Ça lui rappelle comme elle était heureuse de recevoir l’eau du ciel.
Elle entend un bruit de manivelle et quelqu’un crier : Oh capitaine, mon capitaine, la passerelle est baissée. Maëlys s’imagine monter sur un pupitre et crier ces mêmes mots. Oh capitaine, mon capitaine.
Dans la cuisine, ça s’agite. C’est le moment de vider les poubelles. Ça se bouscule, ça joue des coudes. Il y a pourtant du temps normalement. Elle entend un homme dire d’une voix menaçante « You’re talking to me ? » Elle n’entend pas de réponse. A nouveau « You’re talking to me ? ». Et rien, juste le vent qui siffle.
Sa mère s’approche d’elle.
– Ah ! Tu es là ma chérie. Tiens, mets ce châle sur les épaules parce qu’il fait pas très chaud à Reykjavik tu sais. J’espère que ça va te plaire. Nous ne sommes pas prêts de l’oublier. Je t’ai dit, non ? Normalement, la suite du voyage, c’est une traversée en traîneau. Il faut en profiter avant la fonte des glaces, hein, tu crois pas ? Allez, viens, on va rejoindre ton père. Le pauvre, il est en train de tirer la valise tout seul avec l’urne sous le bras. Faudrait pas qu’il la fasse tomber. Allez, allez, ma chérie, on y va là, qu’est-ce que t’attends ?
Dans l’arrière-salle, la bagarre n’a pas eu l’air de partir, ça s’était calmé ou ça s’était juste déplacé.
Maëlys frissonne. Le vent est fort et froid.
– Dépêche-toi, tu vas attraper la mort. On a réservé dans une jolie auberge pour bien manger, enfin j’espère, et se changer pour le traîneau. J’adore cette idée de faire le tour du monde et le tour des saisons dans un seul et même voyage. Pas toi ? Allez, dépêche-toi, ton père est sûrement mort de faim, il n’a rien gardé dans l’estomac pendant la traversée, le pauvre. T’aurais dû voir ça, il était tout vert !
Dans le traîneau, Maëlys est assise dans le sens de la marche, ils se sont tous serrés pour être dans le sens de la marche. Son père a calé l’urne devant eux et l’a recouverte d’une petite couverture à carreaux.
Maëlys regarde droit devant, plisse les yeux dans son masque qui la protège pourtant. Elle se demande s’ils vont voir des ours blancs, des phoques et des pingouins. Elle veut demander à sa mère si on dit pingouin ou manchot mais se ravise. Ils n’en verront probablement pas.
Les huskies sont d’une rapidité déconcertante. Ils sont vifs, concentrés et synchronisés. Maëlys les observe et les admire. Ils sont libres. Ils courent dans de grands espaces. Elle oublie les harnais, le poids du traîneau. Elle pense au Père Noël et se dit qu’il est bien con d’avoir choisi des rennes, les huskies c’est vachement mieux.
Ils ne doivent pas être loin du Pôle Nord, remarque-t-elle. Et si le Père Noël existait vraiment, il ne serait pas très loin d’ici, non ? Elle aperçoit de la fumée au loin. La cheminée du Père Noël ? Elle ne le saura pas, ils ne vont pas par là.
Elle entend ses parents parler mais ne comprend rien. Tous les sons sont emmitouflés. Les yeux de son père sont tombants et rieurs, ceux de sa mère perçants et frondeurs. Le guide se tourne légèrement pour annoncer le prochain arrêt : La Courneuve., avec un pouce en l’air.
Maëlys hausse les épaules pour questionner ses parents. Sa mère lui montre deux pouces en l’air d’enthousiasme. Le traîneau s’arrête enfin. Ils finissent en motoneige jusqu’au centre du village.
– C’est vraiment beau Terre Neuve ma chérie, tu ne trouves pas ? Tu vas voir, on va descendre en train, je suis sûre qu’il y a des steppes, des taïgas, de la toundra, enfin un truc comme ça, c’est forcé, non ? Ça va être fabuleux ce voyage en train à travers Terre Neuve. Chéri, tu as bien pris l’urne ?
– Nous ne sommes pas prêts de l’oublier, mon cœur, t’inquiète, je m’en occupe. Ça vous dit qu’on casse la croûte avant ? J’ai une faim de « husky ». Ah ah. T’as vu chérie, mon sens de l’humour ? Toujours là, toujours à propos, hein.
– Mais oui, mais oui, si tu veux. Une faim de husky, j’adore, j’adore. Tu me feras mourir de rire un jour, toi ! Allez, on y va, j’ai toujours rêvé de faire un voyage en train genre l’Orient-Express. Mais là y a pas de crime et c’est plutôt l’Occident-Express !
Maëlys tente soudain : je ne comprends pas, on va où ? Et pourquoi vous vouliez que je vienne avec vous ? Et puis, c’est qui dans l’urne ?
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PUBLICATIONS DES PARTICIPANTS
J’ai fréquenté durant plusieurs années les ateliers d’écriture Sous les Toits de Cécile et Philippe, que je viens de retrouver en novembre avec Les Petits Papiers. Depuis la pandémie, je me suis lancée un peu plus « sérieusement » dans l’écriture et mené certains projets à bien. Après « le Fils de l’autre », que j’ai déjà présenté sur ce blog, « Avenue du Père-Lachaise » est mon deuxième roman. Il est né de ce qui devait, au départ, être un recueil de nouvelles. Celles-ci étaient souvent liées les unes aux autres en une sorte de « suite », je les ai remaniées pour en faire cet OLNI (objet littéraire non identifié), qui a trouvé son éditrice, les Editions Marie Romaine, https://www.editionsmarieromaine.fr/. Ce roman choral est sorti en janvier 2024. En voici le pitchDeux femmes, trois hommes, un lieu : le cimetière du Père-Lachaise, à Paris. Au fil de ce roman, des vies se télescopent, des destins se lient, des êtres se trouvent ou se séparent. Les personnages rebondissent d’un chapitre à l’autre, tous réunis dans cette mystérieuse nécropole par l’absence, le manque, le deuil, l’espoir d’une renaissance. Si la mort a un jour croisé leur chemin et redessiné leur parcours, sa présence n’arrive jamais à obscurcir cette valse mi-joyeuse, mi-tragique, au terme de laquelle l’un d’eux va disparaître.Et le lien pour découvrir le livre : https://www.editionsmarieromaine.fr/product-page/avenue-du-p%C3%A8re-lachaise-monique-blond Merci pour votre lecture !
La danse du papillon provient d’un texte court produit pendant un atelier d’écriture que j’avais suivi il y a une trentaine d’années. Par la suite, j’ai repris cet écrit à plusieurs reprises, tout en rédigeant d’autres textes sans rapport avec cette ébauche. C’est plus tard que, disposant de temps et de disponibilité d’esprit, j’ai ressorti de mon ordinateur les brouillons successifs du petit texte initial pour travailler encore et encore une histoire dont je ne savais pas très bien où elle allait. Et petit à petit, quelque chose a commencé à prendre forme, qui s’était éloigné du tout premier texte d’atelier, qui puisait aussi dans d’autres textes moins anciens et se nourrissait de fragments nouveaux, parmi lesquels des ébauches écrites pendant des séances de l’Atelier sous les toits. Le soir, des personnages s’invitaient dans mes rêveries, rechignant parfois contre ce que je venais de leur faire faire ou contre le prénom que je leur avais donné, formant petit à petit l’histoire à ma place. Je griffonnais quelques notes et le lendemain, j’essayais de traduire ces notes en écriture… essais parfois fructueux, pas toujours ! Parvenir à la forme aboutie de La danse du papillon m’a pris plus de six ans. Si je reviens sur ce travail d’écriture, je peux distinguer plusieurs aspects. D’abord, le travail de la phrase : portée à écrire de longues phrases pleines de digressions et d’incises dans tous les sens, j’ai dû énormément les retravailler. Pendant plusieurs années, j’écrivais chaque jour un ou deux paragraphes, ou seulement deux ou trois lignes, et je les raturais et les réécrivais indéfiniment les jours suivants en me disant que c’était nul, et moi avec. L’écriture de La danse du papillon m’a servi d’exercice d’écriture mais aussi, en étant aussi quotidiennement présente, m’a coupée d’autres formes, comme par exemple la forme poétique dont je me suis éloignée à regret. Ensuite le travail de la structure : comment organiser l’histoire, présenter les évènements, ménager un certain suspens. Longtemps, le récit n’avait aucune structure, probablement aussi parce que les grandes lignes de l’histoire n’étaient pas encore clairement définies. Puis, quelque chose a « pris » et la structure est apparue. Evidemment, je n’avais pas fait de frise chronologique et mes personnages apparaissaient n’importe quand, à rebrousse-temps : pourquoi pas, en théorie, un récit temporellement déstructuré, mais cela ne se prêtait pas à l’histoire que je voulais raconter. Je me suis donc emmêlé les pinceaux jusqu’à ce que ça tienne à peu près et que je déclare la structure achevée. Désireuse d’en finir, je n’ai pas écouté la petite voix intérieure qui tentait de me dire qu’en fait la structure était bancale. Cécile, à qui j’ai confié la relecture de la première version de ce récit dans le cadre de l’Atelier Face à Face, m’en a aussitôt fait la remarque. Il a fallu me remettre à la tâche, couper, tailler et retailler et m’apercevoir qu’avec la nouvelle combinaison, ça ne collait plus, des évènements se produisent dans le mauvais sens, des gens mouraient avant d’être nés etc…. Finalement, ça c’est fait, en quelques mois. La manuscrit terminé, j’en ai éprouvé à la fois de la joie et de la légèreté. Je n’avais pas l’idée que cet écrit puisse être publié. Je l’ai offert à mes proches en format A4 et c’est de mon entourage qu’est venu l’encouragement à chercher un éditeur… J’ai mis du temps à faire la démarche, je ne me sentais pas légitime et je me demandais ce qu’un bouquin de plus viendrait ajouter à des masses et des masses de livres publiés chaque semaine…. Nombreux ont été les refus implicites (pas de réponse sous 4 mois signifie un refus) et les refus par courrier, certains assortis de commentaires encourageants, jusqu’à ce que les éditions de l’Harmattan acceptent de le publier. Je continue à me demander si publier est une fin en soi : ce qui a compté le plus, c’est d’avoir écrit. Mais maintenant, je ne peux plus faire abstraction du fait que ce livre est publié et c’est vrai que savoir son texte lu par d’autres yeux, d’autres oreilles, par des âmes éloignées que l’on ne connaît pas, et parfois en recevoir un témoignage, c’est tellement fort ! D’une certaine façon, on en fait l’expérience à une autre échelle en atelier d’écriture ou dans le blog de l’Atelier : le partage de ce que l’on a écrit, le retour des lecteurs ou des auditeurs (selon la forme de l’atelier) est une expérience du risque, de la remise en question mais aussi du partage et de la joie. La danse du papillon se commande dans toutes les librairies, sur les sites de vente en ligne et sur le site des éditions de l’Harmattan : https://www.editions-harmattan.fr/livre-la_danse_du_papillon_aliette_zumthor_sallee-9782140294846-74491.html
Tout est parti d’un courrier de lecteur, découvert en septembre 2019 : un professeur de physique-chimie reconnaît, dans sa classe, le fils de son ancien harceleur, qui ressemble trait pour trait à son père. Il s’inquiète auprès de la psychologue de sa réaction possible envers cet élève : ne sera-t-il pas tenté de lui faire payer les persécutions du père, même inconsciemment ? La thérapeute lui répond, entre autres choses, qu’il y a là matière à écrire un roman ! Le samedi, à l’atelier Petits Papiers, chez Cécile et Philippe, je choisis d’écrire un texte inspiré de cette histoire, au gré des fameux « petits papiers ». Les retours plutôt positifs m’encouragent à peaufiner à la maison ma nouvelle Le Portrait de son père, que j’envoie à trois ou quatre revues. L’envie d’aller plus loin ne me quitte pas et je m’inscris à un atelier Premier Roman (en formation pro), pour transformer la nouvelle en roman. En avril 2020, la revue Brèves m’appelle pour m’informer qu’elle souhaite publier Le Portrait de son père dans son numéro 116 (collectif « Jeunesse »). Cela renforce encore ma motivation pour le roman, dont j’achève le premier jet en juin. Je poursuis la réécriture les mois suivants. En plus des retours obtenus en atelier, je fais « diagnostiquer » mon texte en janvier 2021 par un site professionnel, puis, après l’avoir remanié, je commence à envoyer mon manuscrit à des éditeurs en septembre 2021, assorti d’une lettre de présentation longuement travaillée, d’un synopsis, etc. Je continue mes envois jusqu’en mars 2022. Sur la quarantaine d’éditeurs contactés, j’obtiendrai six réponses, toutes négatives, mais parfois encourageantes (quand même !). Enfin, en avril 2022, un éditeur (IGB) me téléphone : il a aimé mon roman, mais attend d’avoir l’avis de son comité de lecture et de son associée pour me donner un accord définitif. La même semaine (!), les Editions Il est Midi me contactent à leur tour pour me proposer directement un contrat. C’est avec eux que je signe, en juin 2022. Mon roman, le Fils de l’autre, sort le 10 octobre. L’expérience a été intéressante, même si le livre n’est vendu que sur commande (en librairie, à la Fnac, chez Amazon et sur tous les sites marchands), donc peu visible. Par ailleurs, Il est Midi n’organise pas de dédicaces et ne participe pas à des salons. Enfin, je n’ai jamais rencontré mes éditeurs, nous n’avons échangé que par mail et au téléphone. J’ai donc réalisé moi-même mon dossier de presse et obtenu deux chroniques (sur Femina.fr et Télé-7-Jours) et deux interviews. Un club de lecture, à Pierrefonds, m’a également invitée à une journée de présentation, et je me suis inscrite à deux salons en 2023 (réponse en attente). L’aventure continue, sans bruit, mais c’est formateur… Encore merci à Cécile et Philippe, dont l’atelier Petits Papiers m’a permis de poser les jalons de mon projet. Je leur ai même volé une très jolie phrase, tirée au hasard des « petits papiers » et que j’ai gardée dans le roman, bien évidemment ! Monique Coant-Blond Pour en savoir plus sur le livre, n’hésitez pas à aller sur mes pages Facebook https://www.facebook.com/profile.php?id=100082078084319 et Instagram https://www.instagram.com/emsie_blond/?hl=fr ou, pourquoi pas, sur le site de l’éditeur https://editions-il-est-midi.eproshopping.fr/1740324-LE-FILS-DE-L-AUTRE-Monique-Coant-Blond
LIVRES AIMÉS
J’ai aimé l’atmosphère; j’ai souri ; j’ai admiré le style; j’ai râlé de frustration lorsque je découvrais les personnages petit à petit et non bien campés en début de livre ; j’ai frémi devant le suspens de l’histoire et des personnages; je me suis laissée bercer par l’ambivalence constante entre rêve et réalité; j’ai été touchée quand j’ai enfin compris les visites d’amitié et de souvenirs de ce groupe hétéroclite et j’ai même versé une larme en refermant le livre.
En passant dans le rayons BD (au RDC, pour les grands, pas au 3e chez les enfants) d’une médiathèque, je me suis arrêtée sur Profession du père, de Sébastien Gnaedig. C’est une adaptation du roman de Sorj Chalandon. Je vous le dis tout de suite : je n’ai pas lu la version sans images. Mais la version adaptée a renforcé l’envie de la découvrir, même si je peux m’attendre à une violence accrue. En noir et blanc, en quelques dessins, l’intensité est présente. La dérive d’une homme dans une période sombre de l’histoire de France. « Les événements » dans nos livres d’histoire, pour ne pas dire « la guerre » d’Algérie. Je ne sais pas ce qu’en pensent celles et ceux qui ont lu S. Chalandon. Cette adaptation est une introduction, une ouverture. Profession du père est publié aux éditions Futuropolis en 2018.
Le point de départ de l’auteure est que nous avons été, ou serons, toutes et tous un jour confrontés à la mort de notre mère. La narratrice, journaliste célibataire de 31 ans, décrit ce qui l’oppose à sa sœur, mariée, 2 enfants. Leur mère meurt brutalement. Assassinée. Le lecteur suit avec la narratrice l’enquête, les arrangements pour vider la maison, ce que deviennent les relations familiales et sociales lorsque l’on perd sa mère aussi dramatiquement. Des secrets vont au fil des pages transformer des vérités jusqu’ici bien établies. Il y a beaucoup d’humour dans ces pages. Et des rebondissements. Le récit m’a parlé, souvent. Mère disparue est paru en 2007, édité par les éditions Philippe Rey.
Trois livres en forme de trilogie de Deborah Levy, auteure sud-africaine vivant en Grande-Bretagne : Le goût de la vie, Ce que je ne veux pas savoir et Etat des lieux. Les ouvrages sont traduits par Céline Leroy. Une écriture très ancrée dans la vie, mais en même temps très subtile, où l’auteure à la fois s’interroge sur la présence du passé dans le présent, et très souvent décale notre regard sur des évènements très simples et quotidiens pour en dégager un aspect neuf. Elle y excelle lorsqu’elle questionne, sans verser dans la démonstration, les rapports de genre, son travail d’écrivaine, ses rêves non réalisés. Elle est souvent drôle, légère et toujours intéressante. Merci à la traduction excellente.
Le cercle des menteurs ou Contes Philosophiques du monde entier rapportés par Jean-Claude Carrière. Habituellement, le terme de « contes philosophiques » me donne envie de rebrousser chemin car c’est un genre dont le ton appuyé, l’intention de donner des leçons produit souvent des textes ennuyeux et « voulus » (ce n’est que mon avis !). Ici, c’est tout le contraire : histoires courtes, du conte à la blague, racontées avec le brio qu’a Jean-Claude Carrière pour s’exprimer. Si l’on connait sa voix, on a l’impression en lisant qu’il est présent et qu’il conte à haute voix. Le premier comme le deuxième tome sont des régals. (en photo le deuxième tome)
Un texte très court (78 pages) sur la maladie contractée à son travail par le père du narrateur. Ce que j’ai aimé dans cette écriture, c’est que sous l’apparente pauvreté émotionnelle du texte, l’auteur, en nous livrant la stricte description des faits et gestes des protagonistes, sans à aucun moment ne juger quiconque, nous laisse toute la place pour mobiliser notre propre émotion et penser par nous-mêmes.
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comme j’aime cette traversée entre réalisme et rêve. C’est plein de suspense aussi: mais qui est donc dans l’urne… on imagine!
« Faire le tour du monde et des saisons en un seul voyage » et même le tour des fantasmes.
Bravo.
Merci Sylvie pour ton retour. L’indice de qui est dans l’urne se trouve dans le titre donné à ce texte 😉