Je reconnais son pas même au loin à l’horizon. Ma vue baisse pourtant. Le vent a creusé des rides sur mon front, sur mes joues. Mes mains ont gardé un peu d’agilité, encore un peu pour que je puisse encore pétrir la pâte.
Il en faut de l’énergie, de la force pour faire cela. Il faut aussi que les doigts soient encore mobiles. Les sucreries de Noël sont posées sur la table. Elles s’impatientent de te voir arriver. Tu reviens pour les fêtes après une longue période. Étais-tu partie en voyage ? Tu avais claqué la porte pour ne pas revenir, pour prendre le large, voir l’horizon.
Je reconnais ton pas même loin à l’horizon. Je crois que tu l’as toujours su. C’est pour cela que tu n’as pas eu peur de partir et encore moins peur de ne pas savoir quand tu allais revenir.
Des pas craquent en été sur le sable fin et les bottes de foin qui roulent. Mais ce ne sont pas encore les tiens. Des pas craquent sur la neige éphémère. Ce ne sont toujours pas les tiens. Les saisons passent. Mon cœur se fissure de plus en plus. Et puis, un jour, les larmes ont cessé de couler. Temporairement.
J’ai mis de la musique à fond, j’ai dansé, j’ai levé les bras en l’air. J’ai tourné, tourné, jusqu’à en perdre la tête, jusqu’à en perdre la raison.
Tu enchaînes les concerts, les festivals. Tu me diras quand tu reviendras, mais j’imagine qu’on ne dit plus « Sortez les briquets » dans ces salles. Tout le monde a son téléphone pour filmer et enclencher la loupiote. Je trouve que ça ne fait pas le même effet. La flamme d’un briquet comme celle d’un feu de bois remonte des émotions profondes qu’une ampoule de téléphone ne ravive pas. Essaie, tu verras.
Sur la plage, autour d’un feu de camp, ton voisin avec une guitare, celui d’en face avec un joint qu’il hésite à faire tourner. Mais c’est la base, un joint tu le fais tourner, non ? Ma jeunesse et la tienne sont-elles si différentes ? Chaque génération le pense pourtant. Est-ce bien la vérité ?
Quand tu es partie, as-tu agi dans la précipitation ou avais-tu déjà tout planifié ? Ton émancipation, tu ne la voyais que de cette façon ? Parmi les décorations de Noël, il y a ton nom. Encore un Noël loin à l’horizon.
Le ciel est bleu ce matin, la vue est dégagée. As-tu entendu cette interview d’un platiste ? Tu sais, ceux qui croient que la Terre est plate. Non ? Attends, je te raconte vite fait. Le journaliste lui dit : si la Terre est plate, on devrait voir New-York depuis Brest. Et là, c’est devenu fumeux. La réponse a été : on ne peut pas voir à cause des particules d’eau ou un truc comme ça.
L’eau a bon dos pour se dépatouiller d’argumentaires foireux. C’est peut-être pour cela qu’on pleure tant. Les larmes coulent quand les mots sont coincés dans la gorge. L’eau, toujours de l’eau, de l’eau de l’au-delà.
Les gâteaux de Noël sont encore chauds sur la table. Je regarde par la fenêtre, je plisse les yeux. Ma vue a baissé. Ce n’est vraiment pas ce sens que je devrais utiliser le plus. C’est mon sens le plus défaillant. Mon sixième sens, lui, est toujours aussi vif. Je sais que tu reviendras.
Ces gâteaux-ci te feront-ils plaisir ? Les goûts changent aussi. Tu n’es plus une enfant. Désormais, on fait attention au sucre. On met du sirop d’agave à la place, de l’huile d’olive à la place du beurre. On change un peu les recettes. Est-ce vraiment meilleur au goût ? Il paraît que c’est mieux pour la santé.
Léa ferme le cahier qu’elle a trouvé sur le siège d’à côté. Un cahier oublié, un journal intime. Elle avait regardé autour d’elle pour voir si une personne cherchait un objet perdu. Elle en avait parlé au contrôleur qui avait juste haussé les épaules. Pas le temps. Y a grève aujourd’hui, mais on assure tout de même le service minimum. Chuis pas payé pour ce trajet. Donc service minimum. Je vérifie les portes, les freins et basta. Je vais aller dormir dans ma cabine.
– Ah, vous avez des cabines ? C’est cool, ça ! C’est confortable ?
– Je ne vous ai rien dit. Bon voyage Madame. J’y vais.
Léa avait oublié son livre à la maison. Elle n’avait pas pris le temps de passer au point Relay. Elle avait été préoccupée par les changements incessants d’heure de départ de son train, de la voie affichée pour enfin partir.
Ce journal épais lui tenait compagnie. Léa est à la fois gênée de s’y immiscer et fascinée, curieuse de continuer.
Après avoir perdu son regard dans l’horizon mouvant quelques secondes ou quelques minutes, elle ne s’était pas vraiment rendu compte. Elle reprend sa lecture.
Pour oublier la douleur, j’aurais aimé me perdre dans les bras d’un homme, puis d’un autre. Ne jamais m’attacher à qui que ce soit. Juste du plaisir, des désirs d’embruns. Des peaux douces. J’aurais aimé être capable de m’excuser d’avoir joué avec leur cœur pour ne pas abîmer le mien. J’ai été frileuse. Il ne faut pas que je regrette. J’ai manqué de courage, j’ai manqué d’audace. J’ai essayé quelques fois. Je me suis dit allez, laisse-toi aller, lâche prise. Et puis, il y en a un qui a cru que je voulais un enfant de lui. Je ne sais pas ce qu’il lui a pris, en plus, il n’assurait pas au lit. Pourquoi j’écris cela ? Est-ce vraiment quelque chose dont je voudrais me souvenir ? Est-ce que je vais relire ces lignes de mon journal intime un jour ? Est-ce que je les écris pour que tu puisses lire ce qu’il m’est arrivé pendant ta longue absence ? Faut-il que je garde une certaine pudeur dans ce que j’écris ? Ça s’appelle un journal intime tout de même. Dois-je y étaler mon intimité ? Est-ce que tu voudras savoir cela ?
Est-ce que tu voudras savoir que j’ai essayé de lâcher prise, d’enchaîner des conquêtes sans lendemain mais que je suis tombée sur un autre dragueur invétéré qui, quand je me suis dit allez pourquoi pas, ça fera passer le temps et la solitude, s’est rétracté. Il avait oublié de dire qu’il était marié.
Tout cela n’a aucun intérêt, vraiment.
Je vois que toi, tu t’amuses, tu changes de compagnon ou de compagne, assez souvent. Tu ne t’attardes pas avec des tocards. Je sais que tu as raison. Moi, je laisse trop longtemps le bénéfice du doute.
Dis, quand reviendras-tu ?
Il y a des cadeaux qui t’attendent aussi. Ils sont derrière la porte. Je n’arrive pas à voir leur accumulation. Ils ne seront sûrement plus pertinents quand tu les ouvriras.
Léa butte parfois sur quelques mots, elle n’arrive pas à déchiffrer. Elle devine parfois le mot mystère en fonction du contexte ou en fonction de ce qu’elle aurait aimé y lire. Entre prendre, perdre, elle choisit. Entre attacher, attarder, elle choisit.
Elle choisit une autre page au hasard : Je suis allée au musée ce soir. Une collection incroyable. Il faudra que j’y retourne, car je n’ai pas eu assez de temps. Oui, je n’ai pas eu le temps parce que le musée est grand, mais surtout parce que je n’ai pas pu quitter une toile des yeux. Pourquoi celle-ci en particulier, ce jour-là ? Je ne sais pas, je ne veux pas, je suis restée plantée là. Voilà, c’est comme ça. Mes émotions se sont mélangées. Un sourire s’est dessiné sur mes lèvres, une larme a coulé malgré tout. Cette toile m’avait-elle fait penser à toi ? M’avait-elle fait perdre espoir qu’un jour tu reviendras ?
C’était peut-être ça, peut-être pas. J’ai laissé faire, je ne m’en fichais pas non, ce n’est pas ça, mais je n’avais sûrement plus rien à perdre.
Alors, tu vois, j’ai pris un train pour me rapprocher de l’horizon, encore trop loin. J’ai pris mon cahier avec moi. Je voulais dessiner, écrire, laisser une trace quelque part de mon histoire, de notre histoire à toi et moi. Je voudrais me rapprocher de toi. Où es-tu partie ?
Dis, le sais-tu que parfois je te parle à voix basse ? C’est bête, non ? Mais j’ai envie de croire que ce que je te murmure de l’autre côté de l’horizon arrive jusqu’à toi, malgré les particules d’eau qui bloqueraient la vue et le passage des mots volants.
Il est vraiment sympa ce train, et différent. Les sièges sont tournés vers les fenêtres, il y a un toit panoramique pour qu’on puisse voir le ciel le jour, la nuit. La nuit dernière, j’ai regardé les étoiles. Elles scintillaient fort, plus fort encore que tous les sapins de Noël.
J’espérais une étoile filante, j’espérais faire un vœu, le vœu que cette année qui s’achève apporte de la douceur, de la paix, que les guerres cessent, que les conflits larvés se résolvent enfin. Le vœu que la nouvelle année, tu reviennes enfin. On mangera une galette et tu auras enfin la fève ! On ira boire un chocolat chaud pour réchauffer nos mains, nos cœurs endoloris par cette longue absence, par la vie tout simplement.
Le train s’est arrêté à une gare au milieu de nulle part. Le paysage est magnifique. Est-ce un désert ? La terre est rouge, la terre est ocre. Des roches tiennent suspendues. Vont-elles s’effondrer au prochain coup de vent ? Y a-t-il du vent, vient-il jusqu’ici ? Je ne saurais te dire, je voulais vérifier en allant à la porte, mais le train est reparti, direction l’horizon, direction l’océan, le Pacifique parce que c’est celui qui apporte la paix, non ?
Le voyage est long. Il en faut du temps pour se retrouver. Tu le sais.
J’imagine comment ça serait à l’arrivée, serait-ce un nouveau départ ? J’ai peur de ne pas reconnaître ton pas même au loin à l’horizon. Il faut que je garde confiance. On se retrouvera. Pense à moi comme je t’aime.
Je suis fatiguée d’attendre une étoile filante. Est-ce la saison ? On nous promet des aurores boréales. Ça fascine tout le monde, mais ce n’est pas normal. La rareté est précieuse et merveilleuse. On en veut toujours plus, ça c’est normal, je pense.
Je vais me coucher, j’espère te retrouver demain sur le quai de la gare ou au bord de la plage. Je suis certaine que les vagues nous feront la fête en faisant couler de la mousse.
Avant de déplier le lit couchette, d’ailleurs je suis étonnée de la simplicité de ce clic-clac ferroviaire, je voudrais écrire quelque chose de positif, de rempli d’espoir, d’amour, de joie. Écrire une note positive pour faire de beaux rêves, pour les réaliser. Quelle est cette note ? Do ré mi fa sol la si do ? Et si je chantais plutôt : je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai.
Ça va me faire pleurer, alors non. Et puis, je chante faux, tu te rappelles ? Allez, allez, un mot positif et au lit ! Bonne nuit d’abord, fais de beaux rêves. Des mots qui viennent de moi ou des mots empruntés. Ma vue baisse. La lumière est trop tamisée. Ça incite à prendre le train du sommeil.
Une berceuse avant de fermer le cahier ce soir. Un conte à raconter. Je voudrais juste que ce soit des mots à moi. Je sais qu’ils t’ont parfois blessée et c’est sûrement pour ça que tu es partie si longtemps. Tous les je t’aime suffiront-ils ? Je suis fatiguée, j’ai sommeil. Je ne trouve plus les mots. Pardonne-moi. Je vais dormir et je te dis à demain. Reviens et continue à vivre ta vie. Je sais c’est contradictoire mais c’est complémentaire. Élémentaire, non ? Allez, une pensée positive : le ciel est toujours bleu derrière les nuages.
Léa tourne la page. Elle est blanche. Puis tourne encore. Plus aucune ligne n’est écrite.
Elle essaie de retrouver le contrôleur pour lui demander d’où venait le train précédent. Elle ne le trouve pas. Elle cherche des cabines cachées dans le train, ne trouve pas.
Elle enfile sa casquette de Sherlock Holmes de façon imaginaire. Première étape : trouver le contrôleur. Si ça ne marche pas, trouver la destination. Deuxième étape : trouver l’horizon et reconnaître les pas de cette enfant devenue grande. Troisième étape : lui remettre ce journal. Oser lui demander si elles se sont retrouvées.
Le train arrive en gare. Le contrôleur annonce le terminus.
L’aventure commence.
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PUBLICATIONS DES PARTICIPANTS
J’ai fréquenté durant plusieurs années les ateliers d’écriture Sous les Toits de Cécile et Philippe, que je viens de retrouver en novembre avec Les Petits Papiers. Depuis la pandémie, je me suis lancée un peu plus « sérieusement » dans l’écriture et mené certains projets à bien. Après « le Fils de l’autre », que j’ai déjà présenté sur ce blog, « Avenue du Père-Lachaise » est mon deuxième roman. Il est né de ce qui devait, au départ, être un recueil de nouvelles. Celles-ci étaient souvent liées les unes aux autres en une sorte de « suite », je les ai remaniées pour en faire cet OLNI (objet littéraire non identifié), qui a trouvé son éditrice, les Editions Marie Romaine, https://www.editionsmarieromaine.fr/. Ce roman choral est sorti en janvier 2024. En voici le pitchDeux femmes, trois hommes, un lieu : le cimetière du Père-Lachaise, à Paris. Au fil de ce roman, des vies se télescopent, des destins se lient, des êtres se trouvent ou se séparent. Les personnages rebondissent d’un chapitre à l’autre, tous réunis dans cette mystérieuse nécropole par l’absence, le manque, le deuil, l’espoir d’une renaissance. Si la mort a un jour croisé leur chemin et redessiné leur parcours, sa présence n’arrive jamais à obscurcir cette valse mi-joyeuse, mi-tragique, au terme de laquelle l’un d’eux va disparaître.Et le lien pour découvrir le livre : https://www.editionsmarieromaine.fr/product-page/avenue-du-p%C3%A8re-lachaise-monique-blond Merci pour votre lecture !
La danse du papillon provient d’un texte court produit pendant un atelier d’écriture que j’avais suivi il y a une trentaine d’années. Par la suite, j’ai repris cet écrit à plusieurs reprises, tout en rédigeant d’autres textes sans rapport avec cette ébauche. C’est plus tard que, disposant de temps et de disponibilité d’esprit, j’ai ressorti de mon ordinateur les brouillons successifs du petit texte initial pour travailler encore et encore une histoire dont je ne savais pas très bien où elle allait. Et petit à petit, quelque chose a commencé à prendre forme, qui s’était éloigné du tout premier texte d’atelier, qui puisait aussi dans d’autres textes moins anciens et se nourrissait de fragments nouveaux, parmi lesquels des ébauches écrites pendant des séances de l’Atelier sous les toits. Le soir, des personnages s’invitaient dans mes rêveries, rechignant parfois contre ce que je venais de leur faire faire ou contre le prénom que je leur avais donné, formant petit à petit l’histoire à ma place. Je griffonnais quelques notes et le lendemain, j’essayais de traduire ces notes en écriture… essais parfois fructueux, pas toujours ! Parvenir à la forme aboutie de La danse du papillon m’a pris plus de six ans. Si je reviens sur ce travail d’écriture, je peux distinguer plusieurs aspects. D’abord, le travail de la phrase : portée à écrire de longues phrases pleines de digressions et d’incises dans tous les sens, j’ai dû énormément les retravailler. Pendant plusieurs années, j’écrivais chaque jour un ou deux paragraphes, ou seulement deux ou trois lignes, et je les raturais et les réécrivais indéfiniment les jours suivants en me disant que c’était nul, et moi avec. L’écriture de La danse du papillon m’a servi d’exercice d’écriture mais aussi, en étant aussi quotidiennement présente, m’a coupée d’autres formes, comme par exemple la forme poétique dont je me suis éloignée à regret. Ensuite le travail de la structure : comment organiser l’histoire, présenter les évènements, ménager un certain suspens. Longtemps, le récit n’avait aucune structure, probablement aussi parce que les grandes lignes de l’histoire n’étaient pas encore clairement définies. Puis, quelque chose a « pris » et la structure est apparue. Evidemment, je n’avais pas fait de frise chronologique et mes personnages apparaissaient n’importe quand, à rebrousse-temps : pourquoi pas, en théorie, un récit temporellement déstructuré, mais cela ne se prêtait pas à l’histoire que je voulais raconter. Je me suis donc emmêlé les pinceaux jusqu’à ce que ça tienne à peu près et que je déclare la structure achevée. Désireuse d’en finir, je n’ai pas écouté la petite voix intérieure qui tentait de me dire qu’en fait la structure était bancale. Cécile, à qui j’ai confié la relecture de la première version de ce récit dans le cadre de l’Atelier Face à Face, m’en a aussitôt fait la remarque. Il a fallu me remettre à la tâche, couper, tailler et retailler et m’apercevoir qu’avec la nouvelle combinaison, ça ne collait plus, des évènements se produisent dans le mauvais sens, des gens mouraient avant d’être nés etc…. Finalement, ça c’est fait, en quelques mois. La manuscrit terminé, j’en ai éprouvé à la fois de la joie et de la légèreté. Je n’avais pas l’idée que cet écrit puisse être publié. Je l’ai offert à mes proches en format A4 et c’est de mon entourage qu’est venu l’encouragement à chercher un éditeur… J’ai mis du temps à faire la démarche, je ne me sentais pas légitime et je me demandais ce qu’un bouquin de plus viendrait ajouter à des masses et des masses de livres publiés chaque semaine…. Nombreux ont été les refus implicites (pas de réponse sous 4 mois signifie un refus) et les refus par courrier, certains assortis de commentaires encourageants, jusqu’à ce que les éditions de l’Harmattan acceptent de le publier. Je continue à me demander si publier est une fin en soi : ce qui a compté le plus, c’est d’avoir écrit. Mais maintenant, je ne peux plus faire abstraction du fait que ce livre est publié et c’est vrai que savoir son texte lu par d’autres yeux, d’autres oreilles, par des âmes éloignées que l’on ne connaît pas, et parfois en recevoir un témoignage, c’est tellement fort ! D’une certaine façon, on en fait l’expérience à une autre échelle en atelier d’écriture ou dans le blog de l’Atelier : le partage de ce que l’on a écrit, le retour des lecteurs ou des auditeurs (selon la forme de l’atelier) est une expérience du risque, de la remise en question mais aussi du partage et de la joie. La danse du papillon se commande dans toutes les librairies, sur les sites de vente en ligne et sur le site des éditions de l’Harmattan : https://www.editions-harmattan.fr/livre-la_danse_du_papillon_aliette_zumthor_sallee-9782140294846-74491.html
Tout est parti d’un courrier de lecteur, découvert en septembre 2019 : un professeur de physique-chimie reconnaît, dans sa classe, le fils de son ancien harceleur, qui ressemble trait pour trait à son père. Il s’inquiète auprès de la psychologue de sa réaction possible envers cet élève : ne sera-t-il pas tenté de lui faire payer les persécutions du père, même inconsciemment ? La thérapeute lui répond, entre autres choses, qu’il y a là matière à écrire un roman ! Le samedi, à l’atelier Petits Papiers, chez Cécile et Philippe, je choisis d’écrire un texte inspiré de cette histoire, au gré des fameux « petits papiers ». Les retours plutôt positifs m’encouragent à peaufiner à la maison ma nouvelle Le Portrait de son père, que j’envoie à trois ou quatre revues. L’envie d’aller plus loin ne me quitte pas et je m’inscris à un atelier Premier Roman (en formation pro), pour transformer la nouvelle en roman. En avril 2020, la revue Brèves m’appelle pour m’informer qu’elle souhaite publier Le Portrait de son père dans son numéro 116 (collectif « Jeunesse »). Cela renforce encore ma motivation pour le roman, dont j’achève le premier jet en juin. Je poursuis la réécriture les mois suivants. En plus des retours obtenus en atelier, je fais « diagnostiquer » mon texte en janvier 2021 par un site professionnel, puis, après l’avoir remanié, je commence à envoyer mon manuscrit à des éditeurs en septembre 2021, assorti d’une lettre de présentation longuement travaillée, d’un synopsis, etc. Je continue mes envois jusqu’en mars 2022. Sur la quarantaine d’éditeurs contactés, j’obtiendrai six réponses, toutes négatives, mais parfois encourageantes (quand même !). Enfin, en avril 2022, un éditeur (IGB) me téléphone : il a aimé mon roman, mais attend d’avoir l’avis de son comité de lecture et de son associée pour me donner un accord définitif. La même semaine (!), les Editions Il est Midi me contactent à leur tour pour me proposer directement un contrat. C’est avec eux que je signe, en juin 2022. Mon roman, le Fils de l’autre, sort le 10 octobre. L’expérience a été intéressante, même si le livre n’est vendu que sur commande (en librairie, à la Fnac, chez Amazon et sur tous les sites marchands), donc peu visible. Par ailleurs, Il est Midi n’organise pas de dédicaces et ne participe pas à des salons. Enfin, je n’ai jamais rencontré mes éditeurs, nous n’avons échangé que par mail et au téléphone. J’ai donc réalisé moi-même mon dossier de presse et obtenu deux chroniques (sur Femina.fr et Télé-7-Jours) et deux interviews. Un club de lecture, à Pierrefonds, m’a également invitée à une journée de présentation, et je me suis inscrite à deux salons en 2023 (réponse en attente). L’aventure continue, sans bruit, mais c’est formateur… Encore merci à Cécile et Philippe, dont l’atelier Petits Papiers m’a permis de poser les jalons de mon projet. Je leur ai même volé une très jolie phrase, tirée au hasard des « petits papiers » et que j’ai gardée dans le roman, bien évidemment ! Monique Coant-Blond Pour en savoir plus sur le livre, n’hésitez pas à aller sur mes pages Facebook https://www.facebook.com/profile.php?id=100082078084319 et Instagram https://www.instagram.com/emsie_blond/?hl=fr ou, pourquoi pas, sur le site de l’éditeur https://editions-il-est-midi.eproshopping.fr/1740324-LE-FILS-DE-L-AUTRE-Monique-Coant-Blond
LIVRES AIMÉS
J’ai aimé l’atmosphère; j’ai souri ; j’ai admiré le style; j’ai râlé de frustration lorsque je découvrais les personnages petit à petit et non bien campés en début de livre ; j’ai frémi devant le suspens de l’histoire et des personnages; je me suis laissée bercer par l’ambivalence constante entre rêve et réalité; j’ai été touchée quand j’ai enfin compris les visites d’amitié et de souvenirs de ce groupe hétéroclite et j’ai même versé une larme en refermant le livre.
En passant dans le rayons BD (au RDC, pour les grands, pas au 3e chez les enfants) d’une médiathèque, je me suis arrêtée sur Profession du père, de Sébastien Gnaedig. C’est une adaptation du roman de Sorj Chalandon. Je vous le dis tout de suite : je n’ai pas lu la version sans images. Mais la version adaptée a renforcé l’envie de la découvrir, même si je peux m’attendre à une violence accrue. En noir et blanc, en quelques dessins, l’intensité est présente. La dérive d’une homme dans une période sombre de l’histoire de France. « Les événements » dans nos livres d’histoire, pour ne pas dire « la guerre » d’Algérie. Je ne sais pas ce qu’en pensent celles et ceux qui ont lu S. Chalandon. Cette adaptation est une introduction, une ouverture. Profession du père est publié aux éditions Futuropolis en 2018.
Le point de départ de l’auteure est que nous avons été, ou serons, toutes et tous un jour confrontés à la mort de notre mère. La narratrice, journaliste célibataire de 31 ans, décrit ce qui l’oppose à sa sœur, mariée, 2 enfants. Leur mère meurt brutalement. Assassinée. Le lecteur suit avec la narratrice l’enquête, les arrangements pour vider la maison, ce que deviennent les relations familiales et sociales lorsque l’on perd sa mère aussi dramatiquement. Des secrets vont au fil des pages transformer des vérités jusqu’ici bien établies. Il y a beaucoup d’humour dans ces pages. Et des rebondissements. Le récit m’a parlé, souvent. Mère disparue est paru en 2007, édité par les éditions Philippe Rey.
Trois livres en forme de trilogie de Deborah Levy, auteure sud-africaine vivant en Grande-Bretagne : Le goût de la vie, Ce que je ne veux pas savoir et Etat des lieux. Les ouvrages sont traduits par Céline Leroy. Une écriture très ancrée dans la vie, mais en même temps très subtile, où l’auteure à la fois s’interroge sur la présence du passé dans le présent, et très souvent décale notre regard sur des évènements très simples et quotidiens pour en dégager un aspect neuf. Elle y excelle lorsqu’elle questionne, sans verser dans la démonstration, les rapports de genre, son travail d’écrivaine, ses rêves non réalisés. Elle est souvent drôle, légère et toujours intéressante. Merci à la traduction excellente.
Le cercle des menteurs ou Contes Philosophiques du monde entier rapportés par Jean-Claude Carrière. Habituellement, le terme de « contes philosophiques » me donne envie de rebrousser chemin car c’est un genre dont le ton appuyé, l’intention de donner des leçons produit souvent des textes ennuyeux et « voulus » (ce n’est que mon avis !). Ici, c’est tout le contraire : histoires courtes, du conte à la blague, racontées avec le brio qu’a Jean-Claude Carrière pour s’exprimer. Si l’on connait sa voix, on a l’impression en lisant qu’il est présent et qu’il conte à haute voix. Le premier comme le deuxième tome sont des régals. (en photo le deuxième tome)
Un texte très court (78 pages) sur la maladie contractée à son travail par le père du narrateur. Ce que j’ai aimé dans cette écriture, c’est que sous l’apparente pauvreté émotionnelle du texte, l’auteur, en nous livrant la stricte description des faits et gestes des protagonistes, sans à aucun moment ne juger quiconque, nous laisse toute la place pour mobiliser notre propre émotion et penser par nous-mêmes.
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