Drôle d’objet

C’est en février qu’un groupe d’archéologues le dénicha au pied de la falaise d’Etretat. L’équipe internationale stoppa net ses fouilles, sidérée. Le vieil allemand qu’ils avaient unanimement élu directeur, prit l’objet avec mille précautions et l’observa longuement.
« C’est un cardoucha » prononca- t’il sentencieusement, du latin « cardoumius », utilisé dans la plupart des maisons patriciennes, pour les ablutions, au troisième siècle avj.
« sous la falaise d’Etretat ? » s’esclaffa John, le dernier arrivé et grand buveur de whisky. Günter lui jeta un regard ironique « Déjà entendu parler de la gaule romaine? » John resta impassible.

« Ça ressemble quand même plus à un morceau de vieille ancre marine non ? » Günter ne dissimulait plus son irritation. C’est alors que l’archéologue grec manifesta, lui aussi son exaspération.

« Sauf le respect que je vous dois, Professeur, vous n’y êtes pas du tout, il s’agit de toute évidence d’un « panoufle », et je le daterais autour de 950 APJ. Oui oui, un panoufle, du bas latin «  nouflus », somme toute un objet assez commun dans tout l’empire byzantin »

« Sous la Falaise d’Etretat ? » John maintenant se marrait comme un fou sous le regard furieux de ses deux collègues qui rêvaient déjà de découvert phénoménale et d’articles élogieux dans la presse spécialisée.
«  De toute façon, les cardouchas avaient une ouverture centrale » Dorothy, considérait l’objet avec méfiance

Quelques temps plus tard les experts confirmèrent les doutes  de cet alcoolique de John. Le professeur Günter ne s’en remit jamais et de plus en plus souvent, on l’entendait murmurer « Et pourtant, c’était bien un cardoucha ».

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