Objectif Lune

Objectif Lune…
La tête dans la lune et les pieds sur terre, elle marche. Il fait beau, froid et le ciel bleu azur lui donne des ailes. Elle aime arpenter les rues au hasard et laisser son regard se poser où bon lui semble. Ses pupilles se délectent de la beauté des bâtiments, des cours pavées, des églises, des vitraux de la Sainte Chapelle et des somptueuses rosaces de Notre Dame.
Son plaisir ne s’émousse pas avec le temps car elle découvre à chacune de ses déambulations, un angle, une lumière différente. Elle aurait aimé savoir dessiner, reproduire sur papier ce qu’elle ressent ; le crayon et le papier se refusent à participer. Alors, elle fixe les images au moyen de l’objectif de son appareil photo dont elle ne se sépare jamais.
Au temps de l’argentique elle tirait ses photos sur papier mat ou brillant selon l’ambiance qu’elle voulait rendre. Elle classait ses photos par lieu, date, accompagnées d’un commentaire ou d’une anecdote ; un journal photo.
Avec le numérique elle enregistre ses souvenirs sur CD. Elle triche ou plutôt corrige quelquefois les clichés : elle supprime sans scrupule le touriste venu s’interposer son téléphone en main pour un selfie, elle gomme la barrière disgracieuse. Elle ne s’autorise que des petites retouches pas question de tordre la réalité.
Ses pas l’ont amené vers un parc où des enfants aux joues à croquer telles de belles pommes, courent, sautent, jouent. Elle se retient ; à envie de filmer ; elle n’a pas le droit.
Assise sur un banc elle écoute leur bavardage, leurs cris et ferme les yeux. Elle se revoit petite fille dans les rues ensoleillées avec ses frères. Ils jouaient aux billes, enfin avec des noyaux d’abricot qui en faisaient l’usage. D’un geste précis et rapide, du pouce et de l’index, ils envoyaient le noyau dans l’ouverture des gouttières. Ils se reculaient de plus en plus du but pour créer de la difficulté.
Elle, jouait au cerceau, aux osselets.
Mais, Aîe. Une balle vient d’atterrir sur sa tête !
Deux enfants penauds s’approchent : « pardon Mdame, on n’a pas fait exprès »
Leurs bouilles, leurs mins trahissent la gêne, la confusion.
Elle aimerait tant fixer cette image. Elle saisit son appareil, l’ajuste et..
Dans un grand éclat de rire elle les voit décamper la balle tenue comme un trophée.
Dommage.
Le 14/01/25

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