Entre deux saisons

Elle s’était assise au sol devant le parterre d’asters. L’herbe avait un peu brûlé au soleil. Un papillon virevoltait, hésitant à se poser. Lila tendit les jambes devant elle et croisa les chevilles. Le pied dessus se balançait un peu de droite à gauche. Elle posa les mains derrière son dos pour se pencher en arrière et regarder vers le ciel encore bleu malgré la fin de la saison.
Elle vit passer le papillon dans son champ de vision. Elle ne le suivit pas du regard. Au contraire, Lila ferma lentement les yeux et fit un vœu.
Une petite brise lui balayait des mèches de cheveux. Elle voulait s’imprégner de ce rare moment suspendu, se souvenir des moindres odeurs, de la caresse du soleil sur ses bras et ses jambes nus, du papillon qui était passé dans son champ de vision et de ce parterre d’asters.
Elle clignait des yeux comme pour photographier mentalement ce qui l’entourait en ce dernier jour de vacances avant la rentrée.
Jusqu’au bout et même au-delà de l’été, Lila voulait rester dehors, libre comme l’air, fraîche comme un gardon, légère et peu vêtue.
Elle aimait marcher pieds nus dans cette herbe qui craquait à chacun de ses pas. Elle aimait sentir le vent s’engouffrer dans sa robe fleurie.
Elle sirota un thé glacé au jasmin et au citron vert, étonnamment rafraîchissant.
Elle se décida enfin à se lever, caressa les asters et prit un petit chemin mi-ombragé, mi-ensoleillé, un entre-deux. Elle poussa un peu plus loin. Elle aperçut un lièvre de faire courser par un renard. Arrivera-t-il à temps dans sa tanière pour échapper à son prédateur ?
Lila le perdit de vue et n’entendit plus de bruissements de feuillage. Il doit être sain et sauf, songea-t-elle.
Arrivée devant chez elle, Lila s’assit sur les marches du perron. Elle inspira profondément. C’était important pour elle de profiter de chaque instant, chaque seconde. Il lui fallait vivre désormais et se nourrir de cet été qui touchait à sa fin. Cela lui permettrait de traverser le prochain hiver, une traversée comme les autres probablement. À l’heure du dîner, elle se promit de noter dans un carnet sa dernière journée d’été, dans le moindre détail. Elle ferait sûrement de même pour les couleurs de l’automne, pour le froid piquant de l’hiver et le retour du printemps.
Toutes ces lignes ne raconteraient rien de particulier, juste un défilé de saisons, de sensations pour que toujours son cœur reste pur et maintenu au chaud, quels que soient les défis qui l’attendaient après l’atterrissage matinal.

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