Elle regarde la pluie glisser sous la véranda. Dans ses yeux, la transparence des larmes salées s’accumule. Son cœur gonfle. Elle soupire lentement pour laisser tout couler. Son cerveau tente des retours à la raison, à des choses terre à terre pour oublier le chagrin. Des réflexions du genre : quand la pluie s’arrêtera, il faudra laver les vitres pour laisser entrer la lumière. Ou encore, y a-t-il encore du lait dans le frigo ? Ou même, il faudrait aller mettre le linge à laver, à cause de la météo, il va mettre plus de temps à sécher.
Si les soucis de Gaëlle ne se limitaient qu’à son ménage et à ses courses, pleurerait-elle moins ?
La pluie allait cesser. Éventuellement. Ses larmes se tariront. Éventuellement. Un sourire s’affichera sur son visage. Très certainement. Le soleil brillera dans le ciel bleu à nouveau. Obligatoirement.
Sous cette véranda, à la fois dedans et dehors, Gaëlle hésite. Elle essuie ses joues, lace ses baskets, enfile son trench et se lance sous la pluie, en relevant son col. Elle n’aime pas les parapluies. Elle se dit que la pluie, ce n’est que de l’eau, tant pis si elle ne passe pas à travers les gouttes.
Elle en a assez d’attendre le bon moment. Elle sort donc, malgré la pluie. Pendant une courte seconde, elle lève la tête. La pluie fouette son visage. Elle se lance ensuite en courbant les épaules, le dos un peu en avant pour être moins mouillée, pour marcher plus vite. Une illusion, songe-t-elle, mais peu importe.
Au détour d’une ruelle, elle s’abrite quelques instants sous un platane encore bien feuillu. Elle profite du calme et de la sérénité de cet endroit. Elle le redécouvre. Sous la pluie, il n’a pas la même intensité.
C’est drôle, se dit Gaëlle, comme un même endroit peut nous faire ressentir les choses différemment selon l’heure de la journée, le jour ou la nuit, selon la météo, le soleil ou la pluie. Et pourtant, ça reste le même endroit, immobile.
La pluie s’amenuise. Elle devient timide et frêle. Gaëlle en profite pour s’extraire de son abri, de la protection du grand platane. Son pas est dansant et sautillant pour éviter les flaques potentiellement profondes. Ça l’amuse, ça réveille son âme d’enfant. La pointe de son pied droit s’enfonce dans une flaque qui lui paraissait pourtant plate. Gaëlle se rattrape le plus vite possible, son talon gauche trouve un autre trou d’eau. Droite, gauche, droite, gauche, vite, elle ne calcule plus les probabilités de profondeur de flaques, elle cherche juste un bout de trottoir sec. Ses yeux se plissent pour aider à la concentration. Elle cherche un auvent, un abribus, un parapluie citadin en somme.
Elle trouve mieux : entre le dedans et le dehors, elle pose un pied trempé dans la galerie Vivienne. Dans une vitrine, une toile représentant la demoiselle au violoncelle.
Gaëlle tend l’oreille, les cordes pleurent, les cordes se gonflent et étirent une douce mélodie mélancolique. La demoiselle a un sourire doux, des yeux perdus dans le vague.
Gaëlle est hypnotisée par cette vision. Elle reste devant la vitrine un long moment, le temps de former de la buée et d’ajouter du flou. Elle recule pour laisser la buée s’échapper et retrouver de la clarté.
La pluie clapote sur la voûte vitrée puis s’arrête. Le silence s’installe quelques secondes. La pluie reprend le dessus. Elle tambourine. Ça en devient assourdissant. La pluie veut s’imposer au moins une dernière fois, elle ne veut pas qu’on l’oublie. Ça tape, ça cogne. Dans la galerie, ça résonne.
Gaëlle jette un dernier coup d’œil à la demoiselle au violoncelle. Elle a la drôle impression que son sourire s’est agrandi, que son regard s’est affirmé. Elle tient l’archer avec fermeté et détermination. Gaëlle le sent, Gaëlle le sait, la demoiselle au violoncelle joue sa vie. Elle la salue d’un geste tendre, discret, presque effacé.
Sur la voûte vitrée, les gouttes glissent sans faire de bruit. Ce sont les dernières larmes du ciel, qui s’échappent dans une rainure, une fissure. L’eau trouve toujours un moyen, une porte de sortie.
Gaëlle part à la recherche d’un banc, d’une chaise, d’un bloc de pierre. Elle sort de la galerie Vivienne, tourne pour atteindre le jardin du Palais Royal. Il est étrangement vide. En même temps, il a beaucoup plu depuis qu’elle est sortie. Gaëlle repère un endroit doux, un endroit qui, à un autre moment de sa vie, lui aurait sûrement paru complètement fade et terne. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas.
Elle s’assoit en tailleur sur le banc en bois, le seul qui n’a pas pris la pluie, le sol bien au sec. Elle hésite. Sort-elle son livre en cours de lecture ou son carnet pour écrire, dessiner, faire danser son crayon ? Elle commence par le livre. L’histoire réveille des souffrances passées. C’est une histoire vraie, une histoire dont tout le monde se souvient. Impossible d’échapper à la réalité, impossible de rêver. Elle attrape juste un mot, un seul. Elle ne choisit pas le titre, trop connoté. Elle en choisit un qui ouvre des portes, elle le trouve quelque part au milieu d’une page qu’elle n’a pas encore lue.
Elle dessine ce mot de différentes façons. Elle se souvient des différentes clefs qu’elle a tenues tout au long de sa vie. Des clefs qu’elle voulait garder, en faire une collection. Elle en a encore quelques-unes, mais elle ne se souvient plus quelles portes elles ouvrent, dans quel pays.
Après avoir griffonné quelques clefs, plus ou moins jolies, plus ou moins ornées, elle se lance dans quelques lignes. Elle commence par écrire le mot « déconnexion ». Elle lâche d’abord les gros mots qui lui viennent, en lisant ce mot : Ça ressemble à déconner, il y a le mot con et le mot conne aussi. Est-ce que ça veut dire qu’il faut déconner, jouer au con ou être complètement conne pour réussir sa déconnexion ? Qu’ils aillent se faire foutre tous ces acrobates avec leur costume de papier, se dit-elle. Ça lui fait du bien cette vulgarité. Il n’y a pas de faux-semblants. Elle a l’impression d’enfreindre une règle parentale pour la première fois. Le risque d’une punition ne l’effraie pas.
La pluie a définitivement cessé. Enfin. Le soleil tente une percée à travers les immeubles, les feuillages. Il caresse le bras gauche de Gaëlle, celui qui dépasse un peu de l’abri de l’arbre. Gaëlle continue à écrire. Elle a évacué la vulgarité, elle a évacué la tristesse dans la véranda, elle a lavé le chagrin sous la pluie, elle a écouté la demoiselle au violoncelle, elle a dessiné des clefs. Elle continue à écrire une liste de mots qui rebondissent les uns sur les autres. C’est un jeu qu’elle faisait enfant avec sa grande-tante qui n’avait pas eu d’enfants. La règle c’était de dire un mot et l’une après l’autre annonçait un mot qui avait un lien ou pas vraiment. Une règle sans en être une. Un souffle de liberté créative.
Gaëlle se lance : Tasse. Café. Matin. Chagrin. Pluie. Fini. Début. Debout. Elle s’arrête, elle veut s’élever et passer à autre chose, ne pas rester collée à la réalité. Elle lève la tête, prend une inspiration : ciel. Rien ne rebondit après ciel. Ses pensées divaguent, elle repense à sa grande-tante, à sa bonne humeur débordante, aux secrets qu’elle n’a jamais partagés, ceux qui lui ont fait du mal, ceux qu’ils l’ont anéantie. Gaëlle n’avait jamais soupçonné les malheurs qui lui était arrivés. Gaëlle inspire profondément, regarde vers le ciel, lance un merci muet à cette grande-tante.
Changer d’idée, changer le cours de ses pensées. Elle reprend son cahier, griffonne des traits, des arabesques, des petits dessins qui se forment quand on est au téléphone.
Elle range son carnet et reprend le cours de sa lecture. Un témoignage fort. Elle reconnaît le nom des personnages qui étaient de vraies personnes. Elle n’y arrive pas. Elle referme le livre. Ça s’est pourtant passé il y a dix ans déjà. Elle se fait la remarque. Ça fait dix ans déjà et la blessure est toujours là, béante.
Un homme avec un parapluie noir s’est assis à côté d’elle. Elle a une sensation étrange. Elle sent son espace vital envahi par la présence de cet homme. Ils ne se sont pas salués. Ils sont juste assis, côte à côte, sans contact physique, le banc est suffisamment grand. C’est le seul au sec. Sinon, pense Gaëlle, il se serait sûrement assis ailleurs.
L’homme lui paraît plus jeune qu’elle. Elle sent sa bienveillance, une forme d’amour même émaner de lui, dirigé vers elle. Ils ne se connaissent pas, ils ne se parlent pas, ils ne se regardent pas. Il a des écouteurs dans les oreilles. Elle n’entend pas la musique qui l’anime ou serait-ce un podcast ?
Il a l’air concentré, le regard droit devant lui, perdu dans le vague, comme la demoiselle au violoncelle.
Gaëlle osera-t-elle lui adresser la parole ? Il est encore trop tôt pour cela, elle n’en a pas le courage. A-t-il lui aussi ressenti cet échange entre leurs âmes ? Ce message qui leur disait, allez-y, vous avez une connexion évidente.
Gaëlle prend peur, elle ne veut pas qu’on la prenne pour une folle.
Le soleil est haut dans le ciel. Il caresse ses jambes après avoir séché ses baskets. Elle se penche en arrière pour lui laisser le temps de remonter jusqu’à son visage. Ça ne saurait tarder. L’ombre de l’arbre est en train de tourner.
Elle pose ses mains sur le banc. Elle sent celle de l’homme au parapluie sur la sienne. Elle ouvre discrètement les yeux pour s’en assurer. Sans surprise, les mains de l’homme ne la touchent pas, ne la frôlent pas. Pourtant, elle sent toute sa présence, tout son corps s’incliner vers elle, lui tendre les bras. Quelle sensation douce et étrange.
La curiosité de Gaëlle surpasse sa peur. Elle reste assise là quelques instants pour laisser faire cet échange charnel imaginaire. Cela la trouble, elle rougit.
Le soleil remonte sur son ventre, ses bras. Elle le sent pénétrer dans son corps encore mouillé. Elle inspire et expire doucement. Elle ferme les yeux et visualise sa lumière intérieure. Elle la laisse se diffuser en elle, tout autour d’elle.
Les larmes ont séché depuis longtemps. Elle reprend conscience de son environnement, comme à la fin d’une méditation. Elle repose ses pieds au sol, met ses mains sur son ventre, pour accompagner sa respiration. Elle ouvre doucement les yeux. Le soleil a atteint son visage. Enfin.
Elle remet doucement son cahier et son livre dans son sac à main. Elle s’imprègne de l’aura de son voisin, mais elle n’osera pas lui adresser la parole de peur de perdre la magie du moment.
Ses baskets sont sèches, son trench aussi, ses cheveux sont encore un peu humides. Elle passe ses doigts dedans pour leur permettre d’accélérer le séchage. Elle se lève, commence à s’éloigner du banc.
Elle entend dans son dos une voix timide et douce lui proposer :
– Excusez-moi, ça vous dirait un lait grenadine ?
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PUBLICATIONS DES PARTICIPANTS
J’ai fréquenté durant plusieurs années les ateliers d’écriture Sous les Toits de Cécile et Philippe, que je viens de retrouver en novembre avec Les Petits Papiers. Depuis la pandémie, je me suis lancée un peu plus « sérieusement » dans l’écriture et mené certains projets à bien. Après « le Fils de l’autre », que j’ai déjà présenté sur ce blog, « Avenue du Père-Lachaise » est mon deuxième roman. Il est né de ce qui devait, au départ, être un recueil de nouvelles. Celles-ci étaient souvent liées les unes aux autres en une sorte de « suite », je les ai remaniées pour en faire cet OLNI (objet littéraire non identifié), qui a trouvé son éditrice, les Editions Marie Romaine, https://www.editionsmarieromaine.fr/. Ce roman choral est sorti en janvier 2024. En voici le pitchDeux femmes, trois hommes, un lieu : le cimetière du Père-Lachaise, à Paris. Au fil de ce roman, des vies se télescopent, des destins se lient, des êtres se trouvent ou se séparent. Les personnages rebondissent d’un chapitre à l’autre, tous réunis dans cette mystérieuse nécropole par l’absence, le manque, le deuil, l’espoir d’une renaissance. Si la mort a un jour croisé leur chemin et redessiné leur parcours, sa présence n’arrive jamais à obscurcir cette valse mi-joyeuse, mi-tragique, au terme de laquelle l’un d’eux va disparaître.Et le lien pour découvrir le livre : https://www.editionsmarieromaine.fr/product-page/avenue-du-p%C3%A8re-lachaise-monique-blond Merci pour votre lecture !
La danse du papillon provient d’un texte court produit pendant un atelier d’écriture que j’avais suivi il y a une trentaine d’années. Par la suite, j’ai repris cet écrit à plusieurs reprises, tout en rédigeant d’autres textes sans rapport avec cette ébauche. C’est plus tard que, disposant de temps et de disponibilité d’esprit, j’ai ressorti de mon ordinateur les brouillons successifs du petit texte initial pour travailler encore et encore une histoire dont je ne savais pas très bien où elle allait. Et petit à petit, quelque chose a commencé à prendre forme, qui s’était éloigné du tout premier texte d’atelier, qui puisait aussi dans d’autres textes moins anciens et se nourrissait de fragments nouveaux, parmi lesquels des ébauches écrites pendant des séances de l’Atelier sous les toits. Le soir, des personnages s’invitaient dans mes rêveries, rechignant parfois contre ce que je venais de leur faire faire ou contre le prénom que je leur avais donné, formant petit à petit l’histoire à ma place. Je griffonnais quelques notes et le lendemain, j’essayais de traduire ces notes en écriture… essais parfois fructueux, pas toujours ! Parvenir à la forme aboutie de La danse du papillon m’a pris plus de six ans. Si je reviens sur ce travail d’écriture, je peux distinguer plusieurs aspects. D’abord, le travail de la phrase : portée à écrire de longues phrases pleines de digressions et d’incises dans tous les sens, j’ai dû énormément les retravailler. Pendant plusieurs années, j’écrivais chaque jour un ou deux paragraphes, ou seulement deux ou trois lignes, et je les raturais et les réécrivais indéfiniment les jours suivants en me disant que c’était nul, et moi avec. L’écriture de La danse du papillon m’a servi d’exercice d’écriture mais aussi, en étant aussi quotidiennement présente, m’a coupée d’autres formes, comme par exemple la forme poétique dont je me suis éloignée à regret. Ensuite le travail de la structure : comment organiser l’histoire, présenter les évènements, ménager un certain suspens. Longtemps, le récit n’avait aucune structure, probablement aussi parce que les grandes lignes de l’histoire n’étaient pas encore clairement définies. Puis, quelque chose a « pris » et la structure est apparue. Evidemment, je n’avais pas fait de frise chronologique et mes personnages apparaissaient n’importe quand, à rebrousse-temps : pourquoi pas, en théorie, un récit temporellement déstructuré, mais cela ne se prêtait pas à l’histoire que je voulais raconter. Je me suis donc emmêlé les pinceaux jusqu’à ce que ça tienne à peu près et que je déclare la structure achevée. Désireuse d’en finir, je n’ai pas écouté la petite voix intérieure qui tentait de me dire qu’en fait la structure était bancale. Cécile, à qui j’ai confié la relecture de la première version de ce récit dans le cadre de l’Atelier Face à Face, m’en a aussitôt fait la remarque. Il a fallu me remettre à la tâche, couper, tailler et retailler et m’apercevoir qu’avec la nouvelle combinaison, ça ne collait plus, des évènements se produisent dans le mauvais sens, des gens mouraient avant d’être nés etc…. Finalement, ça c’est fait, en quelques mois. La manuscrit terminé, j’en ai éprouvé à la fois de la joie et de la légèreté. Je n’avais pas l’idée que cet écrit puisse être publié. Je l’ai offert à mes proches en format A4 et c’est de mon entourage qu’est venu l’encouragement à chercher un éditeur… J’ai mis du temps à faire la démarche, je ne me sentais pas légitime et je me demandais ce qu’un bouquin de plus viendrait ajouter à des masses et des masses de livres publiés chaque semaine…. Nombreux ont été les refus implicites (pas de réponse sous 4 mois signifie un refus) et les refus par courrier, certains assortis de commentaires encourageants, jusqu’à ce que les éditions de l’Harmattan acceptent de le publier. Je continue à me demander si publier est une fin en soi : ce qui a compté le plus, c’est d’avoir écrit. Mais maintenant, je ne peux plus faire abstraction du fait que ce livre est publié et c’est vrai que savoir son texte lu par d’autres yeux, d’autres oreilles, par des âmes éloignées que l’on ne connaît pas, et parfois en recevoir un témoignage, c’est tellement fort ! D’une certaine façon, on en fait l’expérience à une autre échelle en atelier d’écriture ou dans le blog de l’Atelier : le partage de ce que l’on a écrit, le retour des lecteurs ou des auditeurs (selon la forme de l’atelier) est une expérience du risque, de la remise en question mais aussi du partage et de la joie. La danse du papillon se commande dans toutes les librairies, sur les sites de vente en ligne et sur le site des éditions de l’Harmattan : https://www.editions-harmattan.fr/livre-la_danse_du_papillon_aliette_zumthor_sallee-9782140294846-74491.html
Tout est parti d’un courrier de lecteur, découvert en septembre 2019 : un professeur de physique-chimie reconnaît, dans sa classe, le fils de son ancien harceleur, qui ressemble trait pour trait à son père. Il s’inquiète auprès de la psychologue de sa réaction possible envers cet élève : ne sera-t-il pas tenté de lui faire payer les persécutions du père, même inconsciemment ? La thérapeute lui répond, entre autres choses, qu’il y a là matière à écrire un roman ! Le samedi, à l’atelier Petits Papiers, chez Cécile et Philippe, je choisis d’écrire un texte inspiré de cette histoire, au gré des fameux « petits papiers ». Les retours plutôt positifs m’encouragent à peaufiner à la maison ma nouvelle Le Portrait de son père, que j’envoie à trois ou quatre revues. L’envie d’aller plus loin ne me quitte pas et je m’inscris à un atelier Premier Roman (en formation pro), pour transformer la nouvelle en roman. En avril 2020, la revue Brèves m’appelle pour m’informer qu’elle souhaite publier Le Portrait de son père dans son numéro 116 (collectif « Jeunesse »). Cela renforce encore ma motivation pour le roman, dont j’achève le premier jet en juin. Je poursuis la réécriture les mois suivants. En plus des retours obtenus en atelier, je fais « diagnostiquer » mon texte en janvier 2021 par un site professionnel, puis, après l’avoir remanié, je commence à envoyer mon manuscrit à des éditeurs en septembre 2021, assorti d’une lettre de présentation longuement travaillée, d’un synopsis, etc. Je continue mes envois jusqu’en mars 2022. Sur la quarantaine d’éditeurs contactés, j’obtiendrai six réponses, toutes négatives, mais parfois encourageantes (quand même !). Enfin, en avril 2022, un éditeur (IGB) me téléphone : il a aimé mon roman, mais attend d’avoir l’avis de son comité de lecture et de son associée pour me donner un accord définitif. La même semaine (!), les Editions Il est Midi me contactent à leur tour pour me proposer directement un contrat. C’est avec eux que je signe, en juin 2022. Mon roman, le Fils de l’autre, sort le 10 octobre. L’expérience a été intéressante, même si le livre n’est vendu que sur commande (en librairie, à la Fnac, chez Amazon et sur tous les sites marchands), donc peu visible. Par ailleurs, Il est Midi n’organise pas de dédicaces et ne participe pas à des salons. Enfin, je n’ai jamais rencontré mes éditeurs, nous n’avons échangé que par mail et au téléphone. J’ai donc réalisé moi-même mon dossier de presse et obtenu deux chroniques (sur Femina.fr et Télé-7-Jours) et deux interviews. Un club de lecture, à Pierrefonds, m’a également invitée à une journée de présentation, et je me suis inscrite à deux salons en 2023 (réponse en attente). L’aventure continue, sans bruit, mais c’est formateur… Encore merci à Cécile et Philippe, dont l’atelier Petits Papiers m’a permis de poser les jalons de mon projet. Je leur ai même volé une très jolie phrase, tirée au hasard des « petits papiers » et que j’ai gardée dans le roman, bien évidemment ! Monique Coant-Blond Pour en savoir plus sur le livre, n’hésitez pas à aller sur mes pages Facebook https://www.facebook.com/profile.php?id=100082078084319 et Instagram https://www.instagram.com/emsie_blond/?hl=fr ou, pourquoi pas, sur le site de l’éditeur https://editions-il-est-midi.eproshopping.fr/1740324-LE-FILS-DE-L-AUTRE-Monique-Coant-Blond
LIVRES AIMÉS
J’ai aimé l’atmosphère; j’ai souri ; j’ai admiré le style; j’ai râlé de frustration lorsque je découvrais les personnages petit à petit et non bien campés en début de livre ; j’ai frémi devant le suspens de l’histoire et des personnages; je me suis laissée bercer par l’ambivalence constante entre rêve et réalité; j’ai été touchée quand j’ai enfin compris les visites d’amitié et de souvenirs de ce groupe hétéroclite et j’ai même versé une larme en refermant le livre.
En passant dans le rayons BD (au RDC, pour les grands, pas au 3e chez les enfants) d’une médiathèque, je me suis arrêtée sur Profession du père, de Sébastien Gnaedig. C’est une adaptation du roman de Sorj Chalandon. Je vous le dis tout de suite : je n’ai pas lu la version sans images. Mais la version adaptée a renforcé l’envie de la découvrir, même si je peux m’attendre à une violence accrue. En noir et blanc, en quelques dessins, l’intensité est présente. La dérive d’une homme dans une période sombre de l’histoire de France. « Les événements » dans nos livres d’histoire, pour ne pas dire « la guerre » d’Algérie. Je ne sais pas ce qu’en pensent celles et ceux qui ont lu S. Chalandon. Cette adaptation est une introduction, une ouverture. Profession du père est publié aux éditions Futuropolis en 2018.
Le point de départ de l’auteure est que nous avons été, ou serons, toutes et tous un jour confrontés à la mort de notre mère. La narratrice, journaliste célibataire de 31 ans, décrit ce qui l’oppose à sa sœur, mariée, 2 enfants. Leur mère meurt brutalement. Assassinée. Le lecteur suit avec la narratrice l’enquête, les arrangements pour vider la maison, ce que deviennent les relations familiales et sociales lorsque l’on perd sa mère aussi dramatiquement. Des secrets vont au fil des pages transformer des vérités jusqu’ici bien établies. Il y a beaucoup d’humour dans ces pages. Et des rebondissements. Le récit m’a parlé, souvent. Mère disparue est paru en 2007, édité par les éditions Philippe Rey.
Trois livres en forme de trilogie de Deborah Levy, auteure sud-africaine vivant en Grande-Bretagne : Le goût de la vie, Ce que je ne veux pas savoir et Etat des lieux. Les ouvrages sont traduits par Céline Leroy. Une écriture très ancrée dans la vie, mais en même temps très subtile, où l’auteure à la fois s’interroge sur la présence du passé dans le présent, et très souvent décale notre regard sur des évènements très simples et quotidiens pour en dégager un aspect neuf. Elle y excelle lorsqu’elle questionne, sans verser dans la démonstration, les rapports de genre, son travail d’écrivaine, ses rêves non réalisés. Elle est souvent drôle, légère et toujours intéressante. Merci à la traduction excellente.
Le cercle des menteurs ou Contes Philosophiques du monde entier rapportés par Jean-Claude Carrière. Habituellement, le terme de « contes philosophiques » me donne envie de rebrousser chemin car c’est un genre dont le ton appuyé, l’intention de donner des leçons produit souvent des textes ennuyeux et « voulus » (ce n’est que mon avis !). Ici, c’est tout le contraire : histoires courtes, du conte à la blague, racontées avec le brio qu’a Jean-Claude Carrière pour s’exprimer. Si l’on connait sa voix, on a l’impression en lisant qu’il est présent et qu’il conte à haute voix. Le premier comme le deuxième tome sont des régals. (en photo le deuxième tome)
Un texte très court (78 pages) sur la maladie contractée à son travail par le père du narrateur. Ce que j’ai aimé dans cette écriture, c’est que sous l’apparente pauvreté émotionnelle du texte, l’auteur, en nous livrant la stricte description des faits et gestes des protagonistes, sans à aucun moment ne juger quiconque, nous laisse toute la place pour mobiliser notre propre émotion et penser par nous-mêmes.
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L’histoire se déroule sans heurt, limpide, sensations après sensations. Entre pluie et larmes, échange charnel imaginaire et lait de grenadine! Beau style où rien n’est de trop.
Merci beaucoup pour ton retour Sylvie et pour le choix du mot « limpide » dans ton commentaire 🙂
A bientôt j’espère
J’ai adoré. Beaucoup de douceur. Merci Marija.
Merci Emmanuelle pour ton commentaire.
Contente que la douceur te soit parvenue.
A très vite à un prochain atelier