Ce que je voudrais, c’est un joli napperon

Du calme ! Ramasse tes lunettes, mon grand, et file dans la charrette. Au coin de la rue, tu verras qu’il y a un magasin de bricoles avec un mendiant à l’extérieur. Surtout ne passe pas sans le voir, il a ses humeurs. Une histoire de deuil, je pense. Enfin bref, mon canari, mon bel oiseau, ce que je voudrais, mon pinson, c’est que tu me trouves un beau napperon. Quelque chose qui mette un peu de clarté dans cet intérieur tout tristoune. Parce que, eh bien, vois-tu, ma belette, mon souriceau, mon petit rat, ta maman en a marre. C’est pas demain la veille que l’autre, là, il va m’emmener en croisière. Alors je reste là, comme une vieille chouette, c’est pas possible. Je tartine, je tartine, mais combien peut-on écrire si l’on ne s’arrête jamais ? Il doit bien arriver, mon cœur, mon bonheur, mon malheur, que la main se grippe, que l’encre vienne à manquer. Est-ce une question de rythme, mon maquereau, mon poisson rouge, ma raie manta ? Faudrait-il ralentir ? Je ne suis déjà pas bien vaillante et preste. Enfin bon, tu vois ce que tu as à faire, te débarrasser de la course, me choisir un joli napperon et ensuite tu pourras aller à ta guise, voir les bateaux au fil de l’eau. S’il arrivait que la boutique soit fermée, alors, mon chat, mon lapin, mon pingouin, prend un caillou et pète une vitre. Comment ça je déraille ? Ben oui mon chacal, mon futal, c’est ce qui arrive quand on écrit trop longtemps. Ça finit vraiment en n’importe quoi. Et cela pourrait être n’importe quand. Ce matin, demain, hier, rien qui bouge dans ce salon sans jour. Remarque, c’est joli ce néon fluo que tu m’as trouvé pour ma fête. Mais, mon chiffon, le vert ne me va pas si bien au teint je crois. Alors si tu pouvais, mon ouistiti, mon tout petit, me trouver ce napperon joli mais point trop fleuri, j’en serais ravie. Ta vieille maman qui s’ennuie un peu, tu vois, et qui fait danser son stylo sur la liste des courses. J’allais oublier, bien sûr. Donne à manger au cheval, ce vieux canasson. C’est qu’il va être beau avec le vieux napperon qu’il va récupérer. Il fait froid à présent et je remue les orteils en rythme avec mon stylo.

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2 réponses à Ce que je voudrais, c’est un joli napperon

  1. Philippe dit :

    Ah franchement quel plaisir de retrouver ce texte !
    Quel tournoiement ! Quelle drôlerie ! Quel mouvement enivrant !
    Quel plaisir !
    Encore, encore, je ne me lasse pas de le lire !
    Anne, penses-tu le mettre en musique ?
    Philippe

  2. Anne B dit :

    Merci Philippe ! En musique ? Je n’y avais pas pensé !

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