Pleins d’eux-même, de leurs certitudes qui venaient de ceux d’avant.

Tout leur venait d’avant. D’un monde qu’ils n’avaient pas connu ; mais dont ils avaient beaucoup entendu parler. Un monde qui « ne bouge pas, ne change pas, Mosieur » Toutes leurs phrases, ou presque,  commençaient par « de mon temps, jeune homme, … » Celui-ci était mort depuis des lustres. Eux-même aussi. Aucun d’entre eux ne s’en était rendu compte. Ils continuaient comme des funambules en pleine nuit à courir après une jeunesse qu’ils n’avaient jamais vécue. A 20 ans, il en avait déjà 60 d’honorabilité, de contentement entendu : « on a toujours fait comme cela, pourquoi faudrait-il qu’on change ? »

Chacun tenait l’autre dans cette position qui ménageait leur confort par des secrets, des indiscrétions, des petitesses qu’ils se partageaient entre eux.

En ce matin de fin d’automne, Julien songeait à cette soirée d’hier, avec la Famille. Tout de celle-ci lui rappelait le cri furieux & définitif d’André Gide : « familles, je vous hais. » Oui, pensait-il, il n’y avait rien décidément à en tirer. Trop cons. Trop de tout d’ailleurs : argent, morgue, voitures, certitudes, femmes, bonne conscience … Trop vieux aussi pour couronner le tout. Il n’y en avait pas un pour sauver les autres. Ils étaient face à la vie droits & verticaux à s’en donner des vertiges.

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