Cartons

Tous les cartons étaient empilés dans le salon. Tous étaient enfin prêts à connaître une autre vie, juste un peu plus loin dans la ville. Ce fut le moment où Olivier décida d’arriver, ami éphémère, ami des visites impromptues.
Comme il sait dormir dans la neige, entre deux rochers, dans un igloo, sur la plage, ces cartons furent là pour lui créer un refuge pour quelques jours dans la capitale. Homme de la montagne, il a besoin parfois de la ville pour se cacher, pour se retrouver. A chacune de ses visites, je ne le vois guère. Il erre dans la ville, revient avec des histoires de violence citadine dont il se fait le témoin quelques heures ; j’entends comme un écho à la violence qui l’habite. Je souhaite toujours lui créer un refuge temporaire plus doux, plus confortable, mais alors, il fuit. Les cartons furent sûrement, de toutes ses haltes parisiennes, l’abri le plus sûr, lisses, sans trace de la vie réduite qu’ils contenaient. Ces cartons en attente des déménageurs semblaient aussi lui faire signe, à lui et à son besoin de déménager tous les ans, de migrer, de tout emmener ailleurs, plus haut, plus isolé, partant pourtant avec femme et enfants.

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