L’alcool de l’inspecteur

– Inspecteur, vous en faîtes une tête ! Vous n’êtes pas malade au moins ?
– Non, non. J’ai taquiné bibine avec des amigos hier soir, c’est tout….
– Aaaaah inspecteur ! comme je vous envie. Moi aussi je passais des soirées entre coui**lles et avec la bière pour seule alternative à l’air frais. Mais ma femme ne veut plus. Surtout depuis la naissance du ptit. Comme quoi ça lui créerait un environnement anxiogène. Mais il a à peine 10 moi je lui dis ! Il ne se rend compte de rien. Même quand il est collant de sa propre bave. Alors franchement…
– Oui oui je vois… Allez au boulot Dominguez. On a toujours un corps sur les bras !
L’alcool. Si seulement.
Bien pratique il n’empêche. Cela permet à l’inspecteur de s’inventer une vie sociale et ne pas ébranler l’autorité qu’il a sur le jeune Dominguez. Comment lui dire qu’hier soir il est resté seul chez lui, encore une fois. Qu’il a regardé bêtement le téléphone, en attendant que quelque chose se passe. N’importe quoi. Une sonnerie, une inondation, la faucheuse pourquoi pas. Il aurait eu de la compagnie. Même pour pas longtemps. Il aurait pu vider son sac. Même rien qu’une poche. Au lieu de ça des hallucinations. Du silence. De l’aigreur.
Ah l’alcool. Si seulement.
Il aurait pu boire avec des inconnus. Se retrouver en cercle avec des anonymes. Clamer son nom, sa haine pour le gouvernement ou pour un groupe de musique – de la variétoche commerciale préformatée dans les deux cas. Il aurait pu sentir ses jambes le lâcher, sa tête s’excuser, son estomac se rebeller. La bière aurait coulé à flots, il se serait vidé de ses euros, et aurait dormi dans le lit du caniveau. Mais il est assis, seul et acide. Et ce n’est pas pris en charge pas la Sécu.
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