Le matin est brumeux
Et bien sûr, l’esprit chagrin
Mais j’ai décidé de prendre le taureau par les cornes
Et je vais encore un peu marcher seule
Je t’écris après tout ce temps
Je doute de tout, tout le temps
J’hésite, je tergiverse
Je pondère, je digère
Mais voilà, je me suis dit
Que le filet américain
Serait toujours aussi bon qu’une madeleine
Même si je le mange seule
Tu l’auras compris, c’est une lettre d’adieu
Je préfère prendre mon chemin de mon côté
Je l’ai compris, étrangement,
En regardant ce couple qui marchait devant moi
Pour la première fois depuis longtemps
Je n’ai pas envié ce couple
Comme j’en ai envié beaucoup d’autres avant
Peut-être aussi en me forçant un peu
En les regardant, j’ai senti en moi
Comme un apaisement à l’idée de ne plus en être
De pouvoir marcher à mon propre rythme
Sans accélérer pour rattraper ton pas trop rapide
J’ai retrouvé la sécurité de ne plus attendre
Tes appels
De ne pas organiser mes weekends
En fonction de tes visites
J’organise ma vie en fonction de mes propres désirs
Sans l’adapter à des priorités communes
Je parle à de nouveaux visages
Et je découvre d’autres associations possibles
Je n’ai plus peur ni des mensonges
Ni de la vérité que mon intuition féminine
Découvre trop facilement
Les trahisons petites ou grandes sont évitées
Bien sûr, il m’arrive de me demander
Ce qui aurait pu « être »
Fille on est, fille on reste
Le modèle du « happy ever after » colle à la peau
Mais maintenant, je le reconnais
Le mécanisme du modèle
Avec sa fausse protection, son faux bonheur
Sa cage à désirs
Je vais garder la photo des vacances
Celle que j’avais si bien réussie
Et nous avions choisie ensemble
Pour l’encadrer
Je vais garder la broche de nacre aussi
Et les textes que j’ai écrits quand
Notre histoire m’inspirait
Et m’entrainait sur des chemins que je croyais de traverse
J’en étais même venue à croire
Que cette flamme qui m’animait alors
Venait de toi
Mais non, elle est bien à moi
Le soir est venu maintenant
Et je suis bien moins chagrin
Que ce matin