Il y a des mots qui ont disparu

Comme tous les soirs, je monte dans ma chambre, pleine du plaisir de m’extirper de la lourdeur de la réalité. Il est là, à ma gauche, entre d’autres livres et quelques moutons de poussière, je dois  le reconnaître. Ce livre-là me raconte un conte d’adultes, il vient du nord et du froid. Je l’ouvre au chapitre 7, prête à apprendre comment la commandante va se venger, de quelle nouvelle femme Gösta va tomber amoureux…

Mais, mais… il y a des mots qui ont disparu! Est-ce qu’une forêt scandinave peut être autrement que ténébreuse, un héros autre que fatigué, une fête autre qu’orgiaque ou arrosée?

Il y a plusieurs façons de voir les choses et je ne sais pas laquelle choisir. Peut-on, lorsqu’on a un esprit solide et cartésien, envisager avec sérénité l’hypothèse que l’esprit sorcier de la page 135 aurait envahi la pièce et décidé de cacher à ma vue quelques épithètes clefs de ma lecture? Dois-je tout de suite surgir dans la chambre de mon cadet et lui rugir dessus, lui hurler qu’il réserve son tipp ex à ses cahiers d’écolier? Ah ça! dès demain, j’appelle l’éditeur, demande le remboursement du livre et un dédommagement conséquent pour entrave à la rêverie et  mise à mal de la santé psychique du lecteur§

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