Par un froid matin d’automne
La pie s’emmitoufla dans son nid.
Le merle avait sifflé les mauvaises nouvelles du jour
Tout cela n’annonçait rien de bon
Les enfants affamés, il fallait bien sortir
Mais comment quitter le nid dans un tel climat ?
La révolution faisait rage dans la forêt :
Les loups et les ours avaient déclaré le duel.
A la frontière sud, les loups montraient les crocs
A la frontière nord, les ours sortaient les griffes
Que restait-il à la pie, et aux autres animaux ?
C’était : manger, ou être mangé.
Cette querelle est insensée, pensa la pie :
La forêt fait plusieurs hectares
Elle est bien assez grande pour tous les résidents
L’eau abonde et la clairière ensoleille
La pie avait déjà eu affaire aux ours
Elle les connaissait bien, ne lui en déplaise
La fois où elle avait tenté de voler du miel
Lui avait valu la pire des frayeurs !
Quant aux loups, elle les voyait comme ses alliés
Les loups terrorisent les hommes
Puis la pie vole le trésor des hommes
Mais les loups exigent une part du butin de la pie
Comment choisir entre le terroriste et le voleur;
Comment s’attirer les bonnes grâces des dirigeants;
Comment nourrir ses petits sans être inquiétée;
Comment donner la vie et assurer sa vie ?
La pie se souvient de la belle époque
Où les chênes étaient vigoureux
Où la boue était fraîche
Où les asticots pullulaient par milliers.
Par un froid matin d’hiver
La pie est seule au monde
Les loups et les ours ont disparu
Victoire ! L’homme a rasé la forêt