A l’aube du petit matin, Pierre Moineau et ses copains refont le tour du jardin. Les uns comptent les cailloux, les autres ramassent les miettes de pain.
Tout à l’heure vont s’ouvrir les portes ; touristes et amoureux d’art viendront zyeuter les eaux-fortes, peintures et sculptures.
En attendant, le roi s’appelle Silence. Tant que les visiteurs ne sont pas là, les oiseaux dansent.
Pierre Moineau vérifie la forme des palmiers. Ces grands empotés ne respirent pas la santé. Eux, ils étaient destinés à des oasis. Ici à leurs pieds, le gravier crisse.
Sur le jardin donne un restaurant, où se vendent cafés, oranges pressées et croissants. Si vous prenez un gobelet gare à vous, les gardiens pourraient vous le faire intégralement avaler.
Pierre Moineau d’un coup d’aile évalue la température de l’eau. Saumâtre, stagnante, elle n’est vraiment pas belle. Il n’y aura personne pour y tremper les pieds. Tant mieux, les gardiens pourraient vous amputer.
Pierre Moineau lève la tête, les feuilles d’acanthe dorées lui en mettent plein les mirettes. Étourdi, il devine dans les statues des poses lascives, et autant de rendez-vous secrets dans les coursives.