La « magie » de Noël

Les flocons tourbillonnent dans la nuit qui scintille. Alexandre regarde les tombés par la fenêtre, bien au chaud dans la maison. Dans son dos, la maison est animée de rires et de joies. Guirlandes et ribambelles s’en vont à tire d’ailes des caisses au sapin. Toute la famille s’affaire pour décorer la pièce du sol au plafond. Pour la première année depuis longtemps, tout le monde est réunit sous le même toit. C’est l’occasion de renouer les liens, dissiper les malentendus et les tensions. Il essaye au moins de participer. De se forcer à sourire et à être heureux avec eux. Mais au fond, il sait que ce n’est qu’une façade. Sa mère passe derrière en lui tendant en tasse de chocolat chaud. Elle l’embrasse sur la tempe et repart avec un petit sourire triste. il baisse les yeux vers la tasse qui réchauffe ses mains. De petits marshmallows blancs flottent dans le liquide marron. Une odeur de cannelle s’élève du liquide. Son breuvage de Noël préféré. Et même cela ne lui tire pas un sourire. Il redirige son regard vers le salon et sa famille puis vers la neige et le froid. Puis il pose sa tasse le plus discrètement possible avant de s’éclipser au moment où personne ne regarde. Emmitouflé, il sort sous le porche. Pendant un instant, il admire la beauté du paysage. Le calme de la forêt. Le doux bruit des flocons atterrissant sur une surface. Le temps suspendu de la nuit. Au-dessus, il voit plus d’étoiles qu’il n’en voit toute l’année. Il se sent pousser en avant comme invité à rejoindre ce havre de paix. Il n’y a que le crissement de ses pas qui brise le silence. Il se force à rester ouvert au moment présent. Ici et maintenant. Loin des problèmes à l’intérieur et hors de sa tête. Au bout d’une durée indéterminée, il se retrouve seul au milieu des arbres enneigés avec pour seul repère les étoiles. Il sait que la maison n’est qu’à quelques pas. Que par le verre diaphane de la porte d’entrée, il pourrait distinguer la silhouette du sapin. Que sa mère l’attend surement derrière la porte avec une grande couverture et un regard d’incompréhension. Que ses neveux et nièces doivent être en train d’accrocher les chaussettes sur la cheminée. Mais à cet instant, il veut oublier que tout cela existe et vivre dans cette petite bulle. Celle où il est le seule à avoir le droit d’entrer. La neige redescendant du ciel commence à s’accumuler sur sa tête et ses épaules et il risque de regretter cette excursion au matin. Mais c’est le seul endroit où il ne se sent pas en décalage. Où il n’a pas l’impression de gâcher le Noël de tout le monde. Où personne ne le regarde avec ce petit regard de tristesse, d’incompréhension et de pitié mêlées. Il sait. Il le sait vraiment. Que tout ira mieux à un moment. Pourtant, ce n’est pas encore ce moment. Cette lumière au bout du chemin.

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