Les mélancolies acides m’ont toujours poursuivi. Un déménagement n’est jamais chose aisée ; garder, jeter, trier, vider, remplir, empaqueter, porter jusqu’à la trans, avant de tout déballer, ranger et arranger.
Les « c’est un nouveau départ » ou « tu repars à zéro » des proches n’y changent rien, même s’ils débordent de gentillesse, transpirent de bonnes intentions, ces phrases sont stérile. Ou peut être est ce moi qui le suis : la tristesse de mémoire et l’échec de l’oublie l’emportant sur demain qui, je le sais, ne se lèvera pas. Et pourtant je range et j’arrange. J’essuie les plâtres, seule et sans bruit. Il aurait pu m’aider s’il était ici. Petite pensée absurde, s’il était à mes côtés jamais je ne serais venue. Les larmes montent comme s’il les tirait vers lui. Le voisin et son cello, acide ne font que mettre en vie cette mélancolie. Je ne peux pas le voir, j’ai beau sortir la tête et la tourner dans tous les sens, comme le font les chouettes jusqu’à faire craquer mon cou, seules ces notes accrochent mes oreilles sans que les croches s’agrippent à mes boucles.
Tu y passais tes mains, pendant des heures, dans les bouclettes de mes cheveux, je peux presque les sentir. La nostalgie rend folle, c’est mieux que d’être amère. Quoique ça balancerait l’acidité de ce limon-cello qui s’évertue à jouer. N’a-t-il donc pas compris que ses do, ses sol, ses fa, ses mi, font sortir et danser les sentiments horribles que je m’évertue à murer ?
Jeune écriveur de pensées, transmutateur de rêves, jongleur funambulaire de mots (mais plus souvent mordeur de poussière avouons le…). Tout nouveau sous les toits, j’aimerai m’y nicher quelques temps.