J’ai déposé ma redingote sur le porte manteau éclopé devant la porte.
Les rires gras montent du petit salon, rires graissés par le mélange de salive et cigares et les rouges à lèvre des bouches pulpeuses.
« Chéri, pourquoi n’as-tu pas choisi Jean? »
Je la regarde, son corps doux et moelleux allongé sur le ventre au milieu du lit.
Jean, bien que le torse plus plat, me détournerais de mon objectif.
« Alors tu viens Marcel », me dit-elle en me regardant d’un air semi-coquin semi-absent.
Je prends mon carnet et m’assoie à côté d’elle.
« Ne bouge pas » lui dis-je en regardant ses fesses trembloter comme de la gélatine.
« T’inquiète pas mon chou, je te préviens cela ne changera pas le rpix, c’est 5 francs de l’heure et une pause de 10 minutes »
Je pose mon carnet sur ses formes, il s’enfonce entre deux bourrelets. Il ne bouge plus.
Un verre d’Armagnac à la main, un cigare posé sur le coussin, ma plume trace ses notes sur le papier: « Longtemps je me suis couché de bonne heure… »
« Dis t’écris sur quoi? Sur l’amour je parie! »
« Non, j’écris sur la musique du temps. »
« Ah, oui je vois, un truc philosophique »
« Quelque chose comme cela. »
Entre deux quintes de toux, ma plume court sur mon carnet.
« Ma croupe est confortable mon mignon hein? Pourquoi tu n’écris pas chez toi? Ce serait moins cher et plus au calme! »
Comment lui dire que j’aime le bruit, les bruissements, les tours et tourbillons de tous ces salons et ginguettes qui m’entourent. Les babillages habillent mon texte.
« Oui mais il fait plus chaud dans votre chambre. Vos formes réchauffent mes mains glacées. »
Je la regarde s’agiter sur les draps, une crampe sûrement.
« S’il vous plaît madame, chaque seconde d’inattention est du temps perdu… »