Nina

Partie dans les sous-bois à la cueillette de champignons, elle entendit le cri de la chouette. Nina aimait à se promener dans la forêt domaniale de Fausse Repose, dans la famille depuis des temps immémoriaux. Son grand père Georges l’y emmenait depuis toute petite. Elle en connaissait les essences, les végétaux, le peuple rampant, courant et volant. Une façon pour elle d’échapper à la vie de château, ses codes et ses mondanités. La barbe que le souper d’hier soir où son père n’avait rien trouvé de mieux que de la placer entre un banquer sinistre décomplexé du capital et Madame la Baronne de Jonche dont l’excès d’eau précieuse lui avait donné donné la nausée toute la soirée. Nina fuyait les protocoles et se plaisait, lorsqu’elle y était contrainte, à s’inventer des histoires joyeuses contrevenant à l’étiquette. Le banquier Du Gland prenant la baronne aux joues rosées sur la table de la cuisine en sifflotant le dernier opéra en représentation à la cour. La chouette donc, Hulotte évidemment, fixait Nina comme pour sonder son âme d’adolescente mélancolique. Nina se sentait bien, libre, en paix.

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