La lampe torche

La malle ne se laissait pas ouvrir facilement. Ses secrets résistaient. Il fallut qu’il s’arme d’un pied de biche pour en venir à bout. Le couvercle se rabattit d’un coup violent, dans un nuage de poussière. Maintenant qu’il en était venu à bout, il n’osait plus approcher. Après quelques instants d’hésitation, il pointa sa lampe torche vers l’intérieur de la malle. Un craquement le fit sursauter, il se retourna et vit une petite ombre à pattes qui se cachait derrière une vieille couette jetée dans un coin de la pièce.
Les secondes qui suivirent ne le laissèrent pas respirer. Son dos était rigide comme une barre de fer, des gouttes de sueur glissaient sur son front. Ce qu’il voyait confirmait ses craintes, et dans ce département qui lui était inconnu, personne n’y croyait. C’étaient pourtant bien des ossements humains qu’il voyait là, et ils devaient y être depuis de nombreux printemps. Il approcha sa lampe du crâne dont les dents étaient absentes et pensa à ce qu’il avait entendu cet après-midi au bar du village. « On n’a jamais retrouvé le corps de sa femme », m’avait avoué le vieux garagiste, une disparition qui avait plongé cette petite communauté dans l’incompréhension. Un nouveau craquement le fit sursauter et ce n’est que quand sa lampe s’écrasa sur le sol qu’il s’écroula à son tour, terrassé par la lame.

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