Je est un autre

Je suis toujours prêt à me répandre. Pourtant, je n’ai rien à dire de spécial. La plupart du temps, je reste immobile dans un coin. Silencieux.

Ce soir par exemple, probablement que je serais encore le témoin impuissant de la morne inspiration des habitants de ce lieu. Là, il est devant son ordinateur. Elle aussi du reste, dans l’autre pièce. Ils regardent des écrans lumineux, des images qui passent, tournent, clignotent. Avec leurs mains, ils ne bougent pas. Aucune passion, juste quelques mouvements de l’index qui tapote nerveusement le plastique de la souris.

Moi, je reste dans le pot. J’ai pourtant le sang généreux. J’attends de m’abandonner aux mouvements de son cerveau. Mais encore faudrait-il qu’il me prenne…
23h24, voilà maintenant qu’il éteint sa machine et va se coucher, rejoindre sa compagne.

Dans le grand livre du destin, il était pourtant écrit : « il sera un grand écrivain ».
Mais là, ça fait 57 ans que sous de multiples formes je l’attends. Et toujours rien.
Il ne sait pas cette générosité qui nous relie.

Son ange à plume, au style haut.

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