Femme assise

Brune. Jolie robe, comme toutes les femmes peintes en cette fin du 16ème siècle. L’intensité du tableau réside dans la chair blanche de ce bras insolemment nu. Elle est assise sur un banc de cuisine. Elle a l’air d’attendre. Mais pas pour souper. Elle a la tête de trois quarts, ce qui lui donne l’air de mépriser le peintre. Donc le spectateur. Elle semble avoir la vingtaine passée. Elle a dû enfanter plus d’une fois.

Voilà comment je pourrais te décrire brièvement mon dernier tableau, cher Velazque. Tu vois bien que c’est une peinture d’homme. Je ne peins pas de petites filles, moi, aussi insignifiantes qu’elles sont aipmables aux yeux de la plèbe…et de la monarchie. Je parle d’un corps, vrai, solide, lourd, et désirable à la fois. Cete femme ne te regarde pas de face, car elles ne le font jamais. Tu le saurais si tu n’étais pas si occupé à t’agenouiller devant des hommes, en robes eux aussi le plus souvent.
Son cou est tendu, quand son visage semble paisible. Elle a le caractère de sa race, et on lui croit du caractère, mais elle est asservie à son idée d’honneur. Comme toi, qui remplit des toiles plus que tu ne peins, avec des blancs, du vide et du silence. Tout cela pour de l’argent et les honneurs de ton maître. Il te jette les écus que tu ramasses à ses pieds, tandis que tu les lui baises, quand moi je reste debout, affamé, tant par mon ventre que par cette femme qui pose devant moi.
N’oublie pas que tu n’es riche que de la main d’un autre. Tandis que moi, alors qu’elle me tourne le dos, je vois le monde.

(Femme assise ; peinture de Roelof de Vlaemink ; 1580)

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