Le point de vue du critique : Cette œuvre appartient à demain. Elle sera produite dans 4 ans, délai nécessaire à la créativité léthargique de l’artiste. Par ailleurs, la maîtrise du matériau qui la compose réclame ce temps. Le temps. Voilà le maître-mot de ce bijou d’immatérialisme pourrait-t-on dire, de légèreté. La toile est blanche comme une nuit d’éveil. Une nuit à poings ouverts, ces poings qui lancent, qui sèment, qui éparpillent, qui éclaboussent d’une pluie fine la poussière d’étoiles. Poussière ? Non, soyons plus précis. C’est de la poudre. Etincelante. Brillante. Scintillante. Dorée. De la poudre d’étoiles. Produite peut-être par une implosion d’astres. C’est ce qui se passe, non ? si les étoiles ne dorment pas : elles implosent et créent une œuvre d’art, un rêve incandescent.
Le point de vue de l’artiste : C’est une commande. Le commanditaire m’a juste dit : « Morphée après une nuit blanche ». J’en ai passé, moi, des nuits blanches, devant ma toile blanche. Un vrai cauchemar, un cauchemar éveillé. Peuplé de rien. Le grand vide intersidéral, intergalactique. Après plusieurs nuits de trou noir, l’insomnie a rendu tout possible. Un vrai délire. Je ne saurais être précis. C’est comme si je m’étais envolé. Je flottais dans l’atmosphère, j’ai rejoint l’espace, le grand, le lumineux. Celui des étoiles. Je me suis servi en poudre. Comme on le fait avec les pigments de couleurs. Un morceau d’étoile, et je suis revenu. Je l’ai écrasé, broyé, affiné. Avec l’aide d’Eole, le dieu du vent, la poudre s’est soulevée, s’est plaqué contre la toile, enduite d’eau de lune. Et voilà, soudain nous étions en 2017, et l’œuvre était là.
J’aime !!! Très poétique.