Exode

Ils ont marché des semaines durant dans la chaleur étouffante du désert. Les heures rythmées par un soleil de plomb, inlassablement identiques et épuisantes.
nul soulagement dans ce paysage de lutte. Nulle vie aux alentours. Partout, le sable et les dunes. Ils en étouffent.
Pas une branche, pas une pousse verte d’un ancien lit de rivière.
Depuis combien de temps d’ailleurs, ils avancent sans relâche, perdant quelques uns des leurs au passages. Les plus faibles. Les plus vieux.
Vue du ciel, leur avancée ressemble à une danse, leurs silhouettes tournoient, leurs corps décharnées enveloppés dans de grands tissus noirs virevoltent au grès de la bise du soir. Il sont éparpillés avançant dans un semi-ordre, portant 2 ou 3 sacs avec eux, seuls souvenirs d’une vie passée.
Le blanc des dunes, le bleu du ciel. L’horizon à perte de vue s’étire en couleurs, quand, eux, ne sont que des ombres grisâtres dans une immensité vaine qui les dévore.
Un troubadour aurait chanté les rayons ardents d’un soleil doré. Un peintre aurait trempé ses pinceaux dans le sol pour dessiner l’horizon.
Eux ne voient pas les couleurs.
Aveuglés, affamés, ils luttent en noir et blanc.
A l’abri d’un ciel étoilé, le soir, parfois, certains repensent au passé, à leur vie abandonnée, leurs maisons, leurs meubles, cette ville aux néons lumineux, aux bruits des voitures sur la route principale.
Il a fallu tout laisser. Du jour au au lendemain. Quelques photos, des habits, des papiers. Tenter sa chance ailleurs pour ne pas mourir sous les gravas.
Oui, certains y repensent à cette vie là, en couleurs. L’horizon était moins vaste. D’autres n’en ont plus la force. A quoi rêver de couleurs? Ce désert sera leur tombeau. Aucun peintre ne pourra leur redonner vie. Aucun témoin de leur agonie.

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