Il me revient cette phrase

Il me revient cette phrase de Brassens : « toi qui a payé la gabelle, un grain de sel dans tes cheveux ». Oui, avant, tu avais les cheveux noirs, tellement noirs qu’au soleil éclatant, ils avaient des reflets bleus. Corbeaux. Voilà le terme. Noir corbeau.

Et les voici aujourd’hui, toujours aussi beaux et lourds, un peu moins noirs. Comme si une horloge agrippée à ta chevelure magnifique nous signalait le temps qui passe. On était contents qu’elle sonne midi il y a 30 ans.

Aujourd’hui, c’est un peu plus tard. Le soleil n’est pas encore totalement couché, il ne fait pas encore sombre, la lune n’est pas encore éternelle… Mais déjà, ce brin de neige dans tes cheveux nous annonce le froid.

Aujourd’hui, je te regarde.

Tu es belle.

Tes rides si profondes sont autant de chemins que nous avons parcourus ensemble, ces traversées du quotidien qui ont souvent eu la grâce de nos premiers jours ensemble, de nos premiers amours.

Il n’est pas trop tard pour cheminer et envisager nos futures années. Notre soleil est peut-être celui d’une fin d’après-midi mais il est chaud et brillant, il rougeoie encore.

Ce tour de sablier n’est pas le drame d’une vie, c’est son accomplissement. Le sable fin s’écoule comme un tic tac de réveil mais en ce dimanche, je m’émerveille de te voir là, sur ce fauteuil ancien, un livre à la main, les cheveux plus clairs qu’hier, les rides plus radieuses.

 

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