La fin de l’été

Les vacances sont terminées. Il est temps de refermer les valises, de préparer les sandwichs avant de prendre le train. Mais où caser le pot de miel et les figues gorgées de soleil ? Ce n’est pas le moment de les écraser et de risquer de se voir cernée par un essaim d’abeilles, qui voudront leur part de sucre. Je ne vais tout de même pas les protéger avec un vêtement, d’ailleurs je n’ai sous la main que le slip éminence de Fabien. C’est vrai que grâce aux petits élastiques rouges et bleus, je pourrai en faire un ravissant panier aéré. Par contre, s’il arrive un accident, damned, je resterai plutôt gênée. Allons, il est l’heure de fermer la porte. La clé mouline dans la serrure, à la recherche du clap de fin. C’est fait. Mince, je n’ai pas vu la marche. Me voilà les genoux en compote au milieu du trottoir. Les vélos passent sans s’arrêter. Je cherche mon mouchoir, autant pour essuyer mes plaies que pour sécher mes larmes.
Pourquoi rentrer ? Pourquoi ne pas rester ici ? Je n’ai pas envie de retrouver la sainte famille, la sœur qui fait toujours la tête, le frère qui ne pense qu’à dormir. Impossible de leur tirer trois mots pour connaître leurs envies, leurs rêves. J’ai beau leur proposer d’aller au bois, au bord de la rivière, au château, rien, rien, rien ne les fait réagir. J’en ai assez de toujours jouer toute seule. Il n’y a pas moyen de les faire changer. Ce n’est pas la peine d’en parler aux parents, cela ne les intéresse pas. Eux, ils ne pensent qu’au cinéma, le film qu’ils vont aller voir, le film qu’on leur a raconté, le film qu’ils ont déjà vu. Ils se font un film de leur vie.

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